dimanche 10 mars 2019

Sur les routes de CUBA


A l’aéroport de La Havane, nous sommes accueillis par la chaleur des tropiques et les Cubaines déambulant très court vêtues. Un rapide tour de ville en bus nous fait découvrir le Malecon, le grand boulevard qui longe la mer, et qui fait face au fort espagnol tout blanc qui défendait l’entrée de la baie de La Havane. Il est avec la vieille ville de La Havane inscrit au patrimoine de l’humanité depuis 1978.


Parcourir la vieille ville est source d’enchantement et réserve bien des surprises. Les immeubles forment un ensemble unique avec leurs styles variés, espagnol, baroque, néoclassique, art nouveau et même mauresque, leurs balcons aux balustrades en fer forgé, ou en colonnes de pierre. Près de la cathédrale particulièrement, une rénovation plus que nécessaire a été entreprise En revanche, à quelques pas de là, la décrépitude des immeubles nous sidère. Le manque d’entretien dû aux pénuries d’argent et de matériaux, l’humidité et le temps ont causé des dommages énormes. Pourtant, nous pouvons admirer encore de très nombreux bacons aux ferronneries élégantes. La peinture n’est plus qu’un souvenir à ce stade de délabrement. Certains immeubles sont même écroulés. D’autres tiennent debout on se demande comment. 
 
La Havane
Autour de la cathédrale, des femmes, jeunes ou âgées, habillées de satin éclatant aux couleurs chatoyantes et de dentelles immaculées, se promènent pour aguicher gentiment les messieurs et se faire photographier en leur claquant une bise colorée sur la joue. Les messieurs s’en tirent avec 1 cuc, soit environ 1 €. Les petits orchestres sont nombreux aux coins des rues et attendent rétribution pour leur prestation dans une ambiance bon enfant. Les touristes sollicités mettent la main à la poche et les Cubains mettent ainsi du beurre dans les épinards ! Un orchestre nous donne l’occasion d’esquisser quelques pas de salsa, cette danse sensuelle, menée par un couple de jeunes Cubains qui maîtrisent le sujet et entraîne le public à les suivre. Quelques jours plus tard, nous nous initierons davantage à cette danse en prenant un cours d’une heure dispensée par une Cubaine joviale aux formes généreuses. Cela ne fera pas encore de nous des spécialistes.

Nous mangerons fréquemment au cours du séjour dans des « paladares », des restaurants tenus par une famille dans sa propre maison. Depuis quelques années, il est autorisé de tenir un tel établissement installé quelquefois dans une demeure prestigieuse ou bien une très modeste maison. Nous y dégusterons une cuisine délicieuse. Le riz servi ici midi et soir est le plus souvent mêlé à des haricots rouges qui donnent une teinte brune au riz. Nous nous gorgerons d’ananas, de papayes, de goyaves, de bananes et le jus de canne à sucre fera des adeptes irréductibles dans notre groupe, surtout si on y ajoute du rhum, une des spécialités du pays.

Santa Clara, à environ 270 km au sud-est de La Havane, est un lieu de pèlerinage pour les Cubains. Fidel Castro a fait construire un mausolée avec une statue géante de Che Guevara, l’arme à la main dans une posture déterminée et volontaire. Ce révolutionnaire a marqué son époque et l’histoire du pays. La dépouille de Che Guevara a été ramenée de Bolivie en 1997 alors qu’il est mort en 1967. « Hasta la Victoria Siempre » (jusqu’à la victoire pour toujours). Le slogan est gravé sur le monument mais il est inscrit un peu partout à Cuba.

En route vers Sancti Spiritus, les charrettes tirées par de vaillants petits chevaux sont bien plus nombreuses que les voitures. Les véhicules à moteur qui nous doublent sont hors d’âge. Les Cubains les plus favorisés se déplacent en scooter électrique ou en motocyclette. Pour les déplacements plus lointains, on fait du stop ou on monte dans la benne d’un camion pour voyager debout ou encore dans un des bus brinquebalants qui nous enfument de leurs gaz d’échappement. Des vaches malingres broutent dans les prés ; elles sont de couleurs très variées et souvent croisées avec des zébus. De temps à autre, les prés sont parsemés de rochers qui semblent émerger de l’herbe comme des rochers de la mer. 
 
A Zulueta, un petit un monument a été érigé en l’honneur du football avec un ballon d’environ 70 cm de diamètre. Dans cette ville, le foot a toujours été le sport préféré alors que dans le reste de Cuba, le base-ball a la faveur mais de nos jours, le foot gagne en popularité.

Sancti Spiritus, sur la côte sud, est ravissante avec des rues en pente jusqu’au fleuve Yayabo enjambé par un vieux pont de brique. Des bâtiments du XVII et XVIIIe sont décorés de stucs baroques peints en blanc qui tranchent sur les couleurs vives ou tendres des murs. Les champs, les prés, les plantations de canne à sucre se succèdent. Un vautour peu farouche, tête rouge chauve et bec aquilin, perché sur une clôture nous regarde sans broncher. C’est un urubu à tête rouge. Ces petits vautours planent un peu partout dans le ciel, même à La Havane.
Sancti Spiritus
Entre Sancti Spiritus et Trinidad, nous parcourons la vallée de Los ingenios. Les ingenios étaient les sucreries qui fonctionnaient au XIXe siècle. Un riche planteur de canne à sucre a fait ériger à Manaca Iznaga une tour de 45 m pour surveiller ses plantations et ses esclaves. De nos jours, les commerçantes, attirées par la clientèle potentielle des touristes, proposent des nappes et des chemins de table brodés, des corsages, des robes mais aussi des colliers faits de graines vendus par cinq, des sacs en tissu ou en cuir, des panamas. De très grands palmiers, de 20 à 25 m de haut, aux troncs blanchâtres ponctuent la campagne.

Trinidad
Le centre ville de Trinidad est coloré comme dans beaucoup de villes cubaines mais surtout les rues sont pavées de gros galets inégaux. La marche est périlleuse sans de bonnes sandales ou des chaussures. La vue d’en haut d’une tour vaut l’effort. La ville s’étale dans un kaléidoscope de couleurs. Le jaune, le rouge, le bleu dominent, talonnés par le vert et le brun. De nombreuses citernes posées sur les toits sont en bleu roi, d’autres en blanc ou en jaune. Beaucoup de terrasses sont aménagées sur les toits avec des chaises, des tables et de bancs en métal peint en blanc. C’est un fouillis charmant. Au loin, la mer des Caraïbes brille comme de l’argent. Nous ne ratons pas l’occasion de manger ici de la langouste, grillée au barbecue. Le soir, les orchestres sont partout et en haut des escaliers donnant sur la place principale, on danse au rythme de la salsa.

En direction de Cienfuegos, à l’ouest de Trinidad, les premières charrettes tirées par deux bœufs apparaissent. Les vieux tracteurs poussifs ne sont guère nombreux. A Giron, un petit musée conserve le souvenir de la bataille qui s’y est déroulée et que les Occidentaux appellent le débarquement de la Baie des Cochons. Les contre-révolutionnaires cubains, financés et entraînés par les Américains, ont tenté d’envahir Cuba et de renverser le gouvernement de Fidel Castro en 1961. La tentative échoua au prix de nombreuses victimes. La région est très agricole et c'est actuellement la récolte du riz qui est étendu sur la moitié de la chaussée pour le séchage. 
un panneau comme on en voit souvent à Cuba
Toujours plus à l’ouest, à San Diego de los Baños, petite bourgade située au pied de la Sierra Rosario, le terrain est plus accidenté. Nous entrons dans le Parque Nacional La Güira dans la Sierra de Organos. 
Parc de la Güira

La végétation est exubérante. Des montagnes ressemblant à des pains de sucre sont couvertes de végétation. Des falaises grises sont parsemées de plantes et d’arbres qui s’obstinent à vivre haut perché accrochés aux pentes. La grotte de Portales est historique car Che Guevara y a séjourné avec une quarantaine de personnes. Après le débarquement de la Baie des Cochons, Fidel Castro a dispersé ses principaux lieutenants dans plusieurs endroits de l'île pour éviter que tous soient éventuellement tués en même temps. Dans les alentours, le Che entraînait ses troupes d’environ trois cents personnes pour exporter la révolution dans différents pays d’Amérique Latine et d’Afrique.

Presque à l’extrémité ouest de Cuba, la région de Viñales est réputée pour ses mogotes. Ce sont de montagnes isolées les unes des autres aux pentes abruptes en pain de sucre avec le sommet souvent plat. Des chevaux trottent sur le côté herbeux de la chaussée montés par des hommes à chapeau de cow-boy, lasso et à bottes en caoutchouc. Sur une falaise, une fresque monumentale aux couleurs vives a été commandée par Fidel Castro en 1961. Ce « mural de la préhistoire » mesure 120 m de haut et 180 m de long et représente un escargot, des dinosaures et des hommes
 
Région de Viñales
A vélo, nous pouvons certifier que l’île de Cuba n’est pas plate. Le relief, sans être extrême, oblige à donner de sérieux coups de pédales. Une belle côte dans la région de Viñales est même appelée familièrement « le fatigué ». C’est dire ! Les routes ne sont pas toujours en bon état ; certaines sont des gruyères, d’autres sont pleines de petites bosses où l’on apprécie la suspension des vélos et les gants pour amortir les chocs. Pour aller rendre visite à un planteur de tabac, nous empruntons après la pluie une piste avec des raidillons, boueux et rocailleux, offrant la possibilité aux meilleurs de grimper allègrement, aux moins expérimentés de se transformer en piétons mais à tous de revenir avec les pieds crottés. Dans sa ferme, le planteur de tabac nous initie à la fabrication d’un cigare artisanal. Nous sommes invités ensuite à fumer. Comme la fumée ne doit pas être avalée mais être gardée dans la bouche, pas de quintes de toux intempestives !
Nos vélos font l’objet de soins attentifs. Au moindre ennui technique, Frank, notre jeune mécanicien, est là pour réparer crevaisons et rayons cassés. Après la piste boueuse qui a laissé nos montures dans un piteux état, c’est encore lui, avec l’aide de notre guide, qui se charge de les laver avant de les ranger dans la soute du bus.

A l’intérieur de la réserve de la biosphère de la Sierra del Rosario désignée par l’UNESCO, les Terrazas sont un complexe touristique favorisant le développement durable pour faire vivre la population locale. A quelques kilomètres, à San Juan de los Baños la rivière saute de rochers en rochers en formant des petites cascades ; à d’autres endroits, l’eau fraîche et claire se calme dans des cuvettes au milieu de la végétation abondante. Polo Montañez, auteur compositeur de chansons et idole des Cubains, a vécu dans une petite maison au bord du lac. Une raison de plus pour apprécier la musique cubaine et repartir avec un disque.
Vinales
De retour à La Havane, nous dormons dans le quartier Vedado, le quartier résidentiel. Des palais rénovés récemment côtoient des palais très délabrés. Il n’est pas certain que toutes ces demeures prestigieuses abandonnées depuis des décennies puissent être réhabilitées tellement leur état est proche de la ruine. Si un jour tout est rénové, La Havane sera une des plus belles villes du monde. Le cimetière est à ne pas manquer. Le portail d’entrée est monumental, d’une bonne dizaine de mètres de haut surmonté d’un calvaire. L’allée centrale est bordée de monuments funéraires gigantesques en marbre de Carrare. Certaines familles ont acheté des concessions qui font plus de 50 m2. Le bronze rajoute à la splendeur des angelots et des croix. Dans un registre plus gai, nous ne résistons pas à l’attrait d’une balade en voiture américaine décapotable rose bonbon des années cinquante.

Pour cette dernière journée, nous nous offrons encore une piña colada, un cocktail qui a remporté un très grand succès au cours de notre voyage, laissant loin derrière dans le classement le mojito ou le "Cuba libre". C'est déjà la fin de notre périple qui nous a fait découvrir un pays et une histoire. Nous repartons en bus à l'aéroport avec un petit pincement au cœur. Ce voyage restera un très bon souvenir grâce aussi à notre guide, enfant du pays, à l’accompagnatrice de la FFCT, compétente, souriante et bienveillante et à un groupe de cyclos dont la cohésion fut spontanée.

Strasbourg / Donaueschingen / Schaffouse / Strsbourg



Samedi 7 juillet 2018     Strasbourg / Offenburg (D) / Donaueschingen / Pfohren

VELO – TRAIN – VELO     (38 km)

Nous démarrons avant 9 heures. Deux arrêts pour des photos sont prévus à Strasbourg avant la frontière :
·         au totem de la place de la Bourse et au pont du Danube, qui n’enjambe pas le Danube mais un canal.
Nous n’allons pas suivre le cours du Danube mais seulement voir sa source à Donaueschingen. Qu’importe !
Après une bonne trentaine de kilomètres de pédalage jusqu’à Offenbourg en Allemagne, nous prenons le train pour éviter les difficultés de la Forêt-Noire et aussi faute de temps. Près de dix autres cyclistes sont sur le quai de la gare et rentrer tous ces vélos n’est pas très aisé ; en France, cela aurait été impossible. 

A Donaueschingen, le bassin de la source du Danube au milieu de la ville est enfin rénové. Nous y sommes déjà venus en 2015 et 2016 sans rien voir. En 2017, des cyclistes de passage à Strasbourg nous avaient informés que le bassin était toujours en rénovation. Le pourtour du bassin est maintenant tout neuf avec des statues, l’inscription de l’altitude et de la longueur du Danube. Le bassin de moins de dix mètres de diamètre laisse sourdre quelques bulles et un déversoir en forme de coquillage emporte l’eau loin, on ne sait où exactement, et qui apparaîtra dans la campagne. Pour la troisième fois, nous nous photographions devant la fontaine aux cigognes de Pfohren, non loin du clocher de l’église coiffé d’un nid d’où émergent trois cigogneaux.
Source du Danube


Dimanche  8 juillet   Pfohren (D) / Schaffhausen (CH)

A SAUTE-FRONTIERES   (40 km   Dénivelé 315 m)

Les uns et les autres, nous avons étrenné la nuit dernière nos nouveaux matelas très légers qui se gonflent soit à la bouche, soit directement au pied, sans gonfleur lourd, encombrant et bruyant. Cyliane et Nelle les apprécient beaucoup car elles dormaient les années précédentes sur des tapis de sol. Elles ont aussi de nouveaux sacs de couchage et utilisent nos beaux et bons vélos Winora de taille adulte, presque neufs. Nous photographions avant son départ une famille à côté de nous, des Suisses avec trois enfants, l’aîné huit ans à peine, six ans et quatre ans. Les parents utilisent des vélos spéciaux où les enfants sont couchés devant. Le fils  pédale sur un vélo de son âge, un peu en alternance avec sa plus grande sœur qui alors prend sa place. En trois semaines, ils ont parcouru plus de 1 000 kilomètres y compris dans les Grisons ! Je suis pleine d’admiration, surtout qu’ils ont commencé à emmener les trois enfants quand la petite avait dix-huit mois seulement.

Avant Furstenberg, renommée ici pour sa bière, une côte sévère est à gravir. Nelle pose le pied une fois pour une petite minute et nous arrivons, dégoulinantes de sueur, au sommet où nous attendent déjà Philippe et Cyliane. Les petits développements de nos vélos Winora sont appréciés. Un tronçon de route forestière un peu caillouteux nous mène vers Zollhaus qui n’est pas encore tout à fait à la frontière suisse.

Un autre tronçon dans la forêt, bien raide et extrêmement caillouteux, nous force à mettre pied à terre et à marcher mais après, des kilomètres de belle route en descente très raide aussi nous attendent avec un paysage ravissant. Nous aurions bien peiné si nous avions pédalé dans l’autre sens, c’est-à-dire de Schaffhausen à Donaueschingen. C’est le genre de route qu’il vaut mieux descendre que monter tant la pente est raide. Allemagne / Suisse / Allemagne. Nous sautons de frontière en frontière et avant de repasser en Suisse, à quelques mètres du panneau, nous nous arrêtons dans un restaurant - c’est l’heure - pour profiter encore des prix allemands. Les portions sont énormes… à l’allemande.

Un peu plus loin, en Suisse à Merishausen un très beau clocher attire notre attention, ce qui justifie de s’arrêter en descente. A Schaffhausen, le Rhin est vert émeraude, limpide et une baignade est aménagée dans la ville même. Nous décidons cependant d’aller tout de suite au camping pour nous installer, revenir nous baigner et visiter la ville qui semble bien jolie avec son château en hauteur.

Le camping au bord du Rhin offre une baignade gratuite et des jeux si bien que Cyliane et Nelle n’ont plus du tout envie de repartir. Il fait si beau !


Lundi 9 juillet   Schaffhausen (CH) /  Waldhust (D

LES CHUTES DU RHIN  (64 + 4 km  D 516 m))




A Schaffhausen (Schaffhouse en français), l’attraction, ce sont les chutes du Rhin ! Depuis le passage pour piétons sur le pont de chemin de fer en amont des chutes, l’énorme masse d’eau se précipite sur un rocher au milieu du fleuve à notre gauche. Les vues des chutes au plus près sont payantes mais les aménagements réalisés pour les voir en valent la peine. Un ascenseur descend les touristes à quelques mètres des eaux rugissantes et bondissantes. Divers endroits permettent d’en apprécier davantage la force impressionnante.

Nous empruntons la véloroute 6. Les villages aux maisons à colombages rouges se succèdent. De temps à autre, des maisons se distinguent par des volets soigneusement peints de motifs fleuris. Puis nous roulons sur la véloroute 15. A Flaach, nous arrivons in extremis à la boulangerie qui ferme à 12 h 15 pour acheter à prix d’or des salades, des jus de fruits, du fromage. Nous avons eu chaud au propre comme au figuré ! Autrement nous n’aurions rien eu à nous mettre sous la dent.

De Flaach à Berg-am-Irchel, une redoutable côte est franchie non sans sueur ni effort. De temps en temps, nous apercevons le Rhin, vert et majestueux. Les tronçons bitumés et caillouteux alternent. Nous posons pied à plusieurs reprises surtout dans les cailloux et Nelle déraille même au bas d’une côte. Heureusement, je remets la chaîne sans la toucher en manoeuvrant les manettes de dérailleur et en tournant les pédales. L’étape est difficile car les côtes petites ou longues, bitumées, sur les graviers ou même les cailloux sont nombreuses. Vive les bons dérailleurs ! Nelle semble aiguillonnée aujourd’hui par le défi de réussir.

Le village de Koblenz en Suisse est relié à Waldshut en Allemagne par un grand pont où nous ne nous arrêtons même pas pour la photo. Tous, nous sommes fatigués et très heureux que le camping soit à moins d’un kilomètre. Pendant que Philippe monte les tentes, les filles et moi allons à Waldshut pour nous ravitailler et manger une glace. Le chemin borde le Rhin puis la montée jusqu’à la ville elle-même nous force, Nelle et moi, à mettre pied à terre tant la pente est forte. Quelle récompense en dégustant deux boules de glace ! Nous nous hâtons de faire des achats mais nous n’arrivons pas à trouve une « Radler » (panaché au citron) pour l’homme attentionné qui a monté les deux tentes en notre absence ! Nous le payons en grosses bises.


Mardi 10 juillet    Waldshut (D) / Möhlin (CH)

LE PLUS LONG PONT COUVERT  (47 km   D 175 m)


Pour les filles, la fatigue est à peu près partie grâce aux massages d’hier soir et une nuit de sommeil. La véloroute 15 (d’Andermatt à Rotterdam) longe par un chemin gravillonné le bord du Rhin. Une petite ville est accrochée à la pente jusqu’au bord du fleuve. Des tours et des églises offrent un décor superbe sous un ciel voilé (peut-être Leibstadt avant Laufenburg). Le relief s’est adouci et les côtes sont donc beaucoup moins nombreuses et moins raides.

Bad Säckingen, côté allemand, nous surprend par un pont couvert qui enjambe le Rhin majestueux. C’est le plus long pont couvert d’Europe. Ce pont en bois est réservé aux piétons et aux cyclistes et nous l’empruntons en suivant les panneaux pour nous retrouver en Suisse. Demi-tour ! Nous ne voulons pas aller en Suisse ! Nous avons seulement raté l’indication pour la rive droite, côté allemand, bien tranquille à côté des cultures alors que la rive sud est très urbanisée.
dans le pont couvert de Bad Säckingen

A Schwörstadt, Philippe a prévu le camping qui finalement n’en est pas un puisqu’il s’agit d’une association de canoë qui apparemment réserve ses emplacements à ses membres. Quelques mètres plus loin un banc au bord du Rhin nous attend pour manger nos maigres provisions car nous n’avons vu aucun magasin, sauf dans des villes que nous avons jugées un peu éloignées de l’heure du repas. Heureusement, nous bavardons avec un groupe de femmes de Saint-Louis qui nous indique des supermarchés à la sortie du village. Nous chargeons au maximum notre petit sac à dos, remplissons le vide des sacoches de guidon et dégustons des glaces à un prix allemand imbattable. Nous n’aurons pas à faire de courses en Suisse où nous sommes obligés d’aller pour trouver un camping à Möhlin de l’autre côté du Rhin. Nous traversons par le barrage au fil de l’eau autorisé aux cyclistes et aux piétons et nous atteignons en quelques coups de pédale le camping.

Nelle part avec son Papi à la piscine d’à côté avec toboggan, presque déserte car il fait gris tandis que Cyliane lit et regarde un film sur la tablette. L’importante lessive est du domaine de Mamie qui se démène avec le lave-linge et le sèche-linge industriels. A l’aide ! Pourquoi n’y a-t-il pas de mode d’emploi ? Pourquoi ne peut-on acheter une dose de lessive à la réception ? Le linge sera plus ou moins lavé …..  à l’eau claire seulement. Plus tard dans la soirée, un couple m’appelle au secours pour faire démarrer le lave-linge ! Décidément !

Mercredi  11 juillet    Möhlin (CH) / Neuenburg (D)  

ON SE PERD DANS LES ENVIRONS DE BALE  (57 km)

Rheinfelden

Nous décidons de suivre la rive droite du Rhin et de ne pas rentrer dans Bâle car nous n’aurons pas le temps de visiter. Rheinfelden, charmante localité, a un pied en Suisse l’autre en Allemagne. Nous pédalons sous le soleil dans la campagne riante mais à l’arrivée dans les environs de la métropole de Bâle, les choses se gâtent. Nous ratons vraisemblablement un panneau et nous nous retrouvons trop au nord dans une ville périphérique que nous avons du mal à identifier. Comme nous n’avons qu’une photocopie de carte très restreinte ne nous permettant pas de nous orienter, j’ai recours à la carte d’un arrêt de bus pour comprendre que nous sommes hors de notre pauvre petite carte. Plus ou moins à l’aveuglette, nous rejoignons le Rhin mais les vues intéressantes sur Bâle sont déjà passées. Le long de la véloroute 15, nous traversons des zones industrielles qui me paraissent interminables.

La consolation, après les énervements de s’être égarés, est d’avoir fait des courses autant que nous avons voulu. Nous déjeunons dans un parc sur une table avec des petites carottes, de grands cornichons frais (une nouveauté, certains affirment que ce sont de petits concombres, d’autres de grands cornichons), du fromage, du pain, des myrtilles. Sur le paquet, il est écrit « myrtilles » mais en réalité, ce sont des bleuets à chair blanche à l’inverse des myrtilles qui ont la chair bleue.

Quand nous retrouvons la campagne, nous apercevons le Rhin, privé de toute l’eau qui alimente le canal d’Alsace où circulent les péniches. Le bruit de l’autoroute toute proche, la végétation sans grand intérêt, le relief plat et les gravillons font de ce tronçon un itinéraire bien morne. Nelle est cependant ravie d’avoir entrevu un chevreuil pour la première fois de sa vie et un lapin. Cyliane est contente d’acheter devant une ferme des tomates et des quetsches à environ un kilomètre du camping. Le bilan carbone des légumes et des fruits est excellent ! Le camping a pour atout une piscine intérieure disposant de transats et ouverte largement sur l’extérieur par de grandes vitres.

Nous n’avons toujours pas trouvé de gaz. Nous invitons un jeune couple de Néerlandais pour troquer de l’eau chaude contre café et chocolat pendant que nous faisons connaissance.


Jeudi  12 juillet   Neuenburg (D) / Holtzwihr (F)   

LE DERNIER SAUTE-FRONTIERE   (57 km)

Le centre ville de Neuenburg est agrémenté de deux fontaines. L’une illustre « La Nef des Fous » de Sébastien Brant, bien connu à Strasbourg puisqu’une place importante de la ville porte le nom de cet écrivain du Moyen-Age. La nef est occupée par des  personnages dont la tête est remplacée par exemple par la pince d’un crabe ou par une oreille. Tout y est délirant.

La véloroute 15 est moins ennuyeuse qu’hier à partir de Neuenburg jusqu’à Breisach-am-Rhein. Nous longeons souvent le Rhin sur la piste non revêtue et le vacarme de l’autoroute est maintenant pratiquement inaudible grâce à la distance. Nous nous accordons presque deux heures d’arrêt pour déjeuner en profitant d’une table et des bancs d’un club d’aviron. Les filles s’étendent même pour un moment calme et de lecture.

A Breisach, nous cherchons une pâtisserie afin de faire connaître aux filles le célèbre gâteau, le Forêt-Noire. (Schwarzwälder). Comme il était prévisible, elles ne l’apprécient pas à cause du kirsch si bien que Philippe et moi nous le mangeons. Que de crème ! Cyliane et Nelle vont se choisir autre chose d’aussi appétissant au chocolat et aux noisettes.

Pour la dernière fois, nous traversons le Rhin et pour la première fois le canal d’Alsace en revenant en France. A Holtzwihr, nous sommes reçus comme des rois chez notre nièce.

Vendredi 13 juillet   Holtzwihr / Strasbourg  

FASTOCHE !  (65 km)
L’étape se fait sur piste cyclable à l’exception de quatre ou cinq kilomètres pour rejoindre le canal de Colmar depuis Holtzwihr. C’est une étape facile puisque le terrain est plat jusqu’à Strasbourg et en France les pistes sont revêtues. Le petit tronçon non bitumé aux environs de Marckolsheim est d’une qualité excellente. Il a fait l’objet de recherches pour obtenir une piste solide, plane et perméable pour préserver l’environnement. Nous avions d’ailleurs, il y a quelques années, été invités en tant que licenciés d’un club de cyclotourisme à l’inauguration en présence des deux présidents des Conseils Généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. 
canal du Rhône au Rhin, entre Bas-Rhin et Haut-Rhin
La dernière pause est l’objet de photos devant le panneau du village de  Krafft. Le voyage se termine sans une goutte de pluie. Il fait très chaud quand nous quittons le canal. Nous ne nous en étions à peine aperçu tant il est ombragé et nous retrouvons notre appartement frais grâce aux volets fermés depuis une semaine.


Ce petit voyage 2018 se termine. Papi et Mamie ont déjà des projets plus ambitieux pour l’année prochaine !



       
  
    

jeudi 21 septembre 2017

Ulm-Günzburg à Passau par la V6

17  juillet 2017        Ulm-Günzburg - Legoland

UN PARC D'ATTRACTIONS POUR PETITS ET GRANDS

Le voyage à vélo devrait démarrer à Ulm, où nous l'avions arrêté il y a deux ans, pour continuer la piste du Danube, "der Donauradweg". Mais le temps nous est compté et nous avons décidé de sauter les 30 km entre Ulm et Günzburg pour commencer le voyage à Günzburg au parc Legoland.

Legoland est un parc d'attractions qui attire beaucoup de monde. Un village de vacances (Feriendorf) comprenant un camping est implanté à côté. Le camping affiche complet, et ce pour plusieurs jours. A quelques mètres de la réception, une petite vingtaine de camping-cars sont déjà stationnés en dehors du camping. Nous sommes autorisés à planter notre tente sur la pelouse au-delà des véhicules, et nous aurons le droit d'utiliser les douches du camping mais aussi de payer un forfait de 28 € par nuit. Pas d'autre solution ! D'autres campeurs nous rejoindront un peu plus tard. L'affluence est énorme et d'importants immeubles sont en construction pour faire face à la clientèle.

L'entrée du parc de Legoland n'est pas une petite dépense. C'est souvent le point d'orgue des vacances de beaucoup. Cyliane, Nelle et moi y sommes enfin à 11 h 30, Nous commençons par Harbour Cruise, une aimable croisière en bateau dans une grande mare peuplée de nombreux animaux, y compris préhistoriques, grandeur nature, réalisés en briques de légo. Nous enchaînons avec d'autres attractions où quelquefois il faut attendre plus d'une demi-heure. Jungle Xpedition avec un grand splash à notre faveur si bien que nous la ferons deux fois, ainsi que le Safari tour. C'est une balade en voiture sur un circuit déterminé dans une jungle fourmillant d'animaux faits en légo : éléphants, gorille, grand serpent, autruches, singes, panthère, lionne, antilopes. Partout, de grands animaux en légo habitent le parc, dont des girafes et des éléphants.

Une attraction est la réplique d'une usine de lego où nous apprenons que les premières briques ont été fabriquées en 1949 et qu'il s'en fabrique 40 millions par jour actuellement. Un magasin offre la possibilité d'acheter des briques au poids dans les couleurs et les formes les plus variées, sans oublier les portes, les fenêtres, les roues, etc, nécessaires à la construction de maisons, de véhicules ou d'avions.

Pour terminer tranquillement, nous admirons les reproductions en lego de Venise, de Berlin, de Hambourg, etc… et des tours les plus hautes du monde. La précision des détails est époustouflante.

Nous retrouvons, sur notre carré d'herbe servant de camping, Philippe qui ne s'est pas beaucoup amusé. Il était parti ce matin en voiture jusqu'à Passau pour garer notre véhicule et revenir en train et en bus jusqu'à la "Rezeption". Nous retrouverons ainsi notre voiture à la fin du voyage à vélo.

En attendant nous nous plongeons dans les 70 cm d'eau de la grande mare du Feriendorf pour refroidir nos corps fatigués par la forte chaleur, les attractions et les stations debout.


18 juillet   Günzburg / Dillingen     35 km

VELO, CHALEUR ET BAIGNADE

La nuit a été bien meilleure que la veille car, tout de suite, chacun a enfilé sa polaire pour dormir et pour certains même des chaussettes. Nous sommes bien reposés pour commencer réellement le voyage itinérant.

Cette année, chacune des filles a des sacoches, en plus de son sac de couchage. Elles porteront donc presque la totalité de leurs affaires, allégeant ainsi les sacoches des grands-parents. Entre campeurs, on parle de matériel et une Valaisanne, Carole, et son fils Yoann, nous font découvrir leurs matelas. Une fois pliés, ils sont plus petits et plus légers qu'un sac de couchage. Ils se gonflent à l'aide d'un sac en quelques minutes. Nos deux matelas auto-gonflants remplissent quasiment notre remorque et nous sommes déjà déterminés à modifier notre matériel pour l'avenir. De notre côté, nous parlons avec enthousiasme du site Warmshowers.

Comme les deux Suisses connaissent le chemin jusqu'à la piste du Danube, nous démarrons ensemble. C'est une excellente idée car sans eux, nous aurions perdu pas mal de temps, faute d'indication. La piste n'est pas bitumée, ce que regrettent vivement Cyliane et Nelle.
"Tanksteller" pour cyclistes le long du Danube
Nous sommes très gentiment accueillis à la Gaststätte am Badesee à Gundelfingen ; les prix sont très raisonnables et la baignade parfaite dans un petit lac à l'eau claire avec plongeoirs où nos petites-filles se risquent.

Lauingen est une ville avec de beaux bâtiments moyenâgeux mais les pavés ne sont guère de notre goût. Ce soir, dodo à Dillingen, dans un camping minuscule mais néanmoins confortable avec machine à laver et sèche-linge, de quoi satisfaire nos besoins de propreté. Seul problème, une fois le sèche-linge arrêté, impossible d'ouvrir la porte pour récupérer nos vêtements. Par un appel fait par une Allemande au gérant du camping rentré chez lui, nous apprenons qu'il faut mettre 1 € pour remettre l'électricité de la machine en route et pouvoir ouvrir la porte !

Gundelfingen : Kreissportzentrum  Gaststätte am Badesee

Dilligen : Donau Camping   Georg-Schmidt-Ring 45   89407 Dillingen-Donau
www.donaucamping.de     09071 72 84 45


19 juillet Dillingen / Höchstädt / Donauwörth   44 km

LA CARTE D'IDENTITE PERDUE ET RETROUVEE

Depuis avant-hier, Cyliane s'est aperçu qu'elle ne retrouve plus sa carte d’identité. La carte était nécessaire à deux reprises pour passer le contrôle à l'aéroport de Lyon. Le numéro de téléphone de l'aéroport de Munich est constamment occupé bien que nous ayons tenté une vingtaine d'appels. Finalement, un répondeur indique une adresse internet à laquelle il faut s'adresser. La deuxième étape n'est pas plus facile car notre i-pad reçoit bien les messages mais les envois se soldent par des échecs. Hier soir, Philippe a finalement pensé qu'l pouvait activer "hotspot" sur son téléphone pour connecter correctement la tablette et le message est enfin parti. Miracle de la technique ! Ce matin, le service des objets trouvés de l'aéroport répond que cette carte d'identité n'est pas en leur possession.

De son côté, le papa des filles s'est aussi démené et a réussi finalement à appeler la police de l'aéroport qui a confirmé qu'une carte d'identité au nom de Cyliane était bien chez eux. L'intéressée retrouve le sourire et tout le monde est soulagé.

Après tous ces appels, le départ se fait donc assez tard et sous une chaleur bientôt accablante. La forêt est de plus en plus rare et les derniers kilomètres serpentent au milieu des champs de blé moissonnés ou non, des champs de maïs ou de pommes de terre. Nous avons hâte de retrouver de l'ombre mais nous dédaignons cependant le barrage sur le Danube où l'on pourrait s'arrêter car nous ne sommes plus qu'à un ou deux kilomètres de Donauwörth, l’objectif de la journée.

Donauwörth

La ville est ravissante avec de nombreuses façades baroques aux couleurs tendres. La grande porte rose donne accès à la ville ancienne où se situe l'hôtel de ville très bien fleuri. Nous sommes mercredi et une fête, la 21e Donauwörther Reichstrassenfest, commence pour plusieurs jours si bien que nous ne résistons pas à la flânerie à l'ombre au son des différents orchestres, puis à y retourner le soir après nous être installés au camping géré par le club de canoë. Nous grignotons à droite et à gauche libanais, vietnamien, bavarois en faisant tout descendre avec de l'Apfelschorle (mi-jus de pomme, mi-eau gazeuse) ou de la bière, selon l'âge.

Kanu-Club Donauwörth   Am Wörnitzwehr 2 (alt : An der Westspange)  88609 Donauwörth


20 juillet   Donauwörth / Neuburg / Ingolstadt  75 km

UNE ETAPE LONGUE ET DIFFICILE

Le ciel est menaçant, aussi mettons-nous dès le départ nos impers à portée de main au-dessus des sacoches pour pouvoir rapidement nous couvrir. Mais le soleil revient vite et la chaleur aussi.

La piste alterne les tronçons bitumés et non bitumés mais surtout à l’approche du village de Stepping, les côtes plus ou moins sévères. Nelle a encore besoin de quelques conseils pour changer à temps les vitesses. La maîtrise du petit plateau et du grand pignon est encore à perfectionner. Malgré les dérailleurs, nous sommes pourtant obligés de pousser nos vélos de temps à autre tant les pentes sont fortes.

Après Stepping, une longue côte s’amorce sur du bitume mais soudain, vers ce qui nous semble être le sommet, le chemin devient très caillouteux. On pousse, on pousse… pas sur les pédales mais nos vélos !!! Presque en haut, le groupe de dix Français rencontrés plus tôt dans la matinée grimpe vaillamment et nous les applaudissons au passage comme des coureurs du Tour de France. Hélas, au sommet, la piste tourne brusquement vers la forêt dans un chemin de meilleure qualité mais qui va nous réserver des montagnes russes nous mettant sur les rotules et nous laissant dégoulinant de sueur.

Après nous être trompés de chemin avant Bittenbrunn (la signalisation en Bavière n’est pas toujours bien pensée) nous déjeunons dans la petite cafeteria d’un supermarché à Neuburg. Tout le monde mange et boit avec grand plaisir et nous envoyons nos cartes postales dont les timbres sont achetés au point « poste » à l’intérieur même du magasin.

Depuis Neuburg, la piste longe une route toute droite puis vire à gauche pour éviter la variante non bitumée. Nous traversons le Danube puis à un virage nous sommes fêtés d’une olla par le groupe des dix Français qui nous avait repérés.
A Ingolstadt, nous passons sous l’imposante porte de briques, la Kreuztor. Le centre de la ville regorge de maisons à frontons baroques.

Pour le camping longeant l’Auwaldsee, nous sommes moins enthousiastes car le prix nous paraît cher, 48 €, et on nous annonce benoîtement que nous ne devons pas payer en plus les douches ! La qualité du papier WC, le sèche-cheveux, les essuie-mains ne compensent pas le manque de lave-linge et de Wifi.

Nos voisins de tente sont trois Australiens qui voyagent depuis cinq semaines en Europe et ont commencé à Nantes. Des acharnés et des solides qui ont bien la soixantaine, et qui ont fait un crochet par Grenoble et l’Alpe d’Huez !!! A côté un autre couple a fait 155 km depuis Ulm et se sent très fatigué. Nous les comprenons car nous en sommes à la troisième étape pour presque la même distance. Les filles sont quant à elles très fières d’avoir battu aujourd’hui leur record de distance sur un parcours avec de belles côtes.

Azur Waldcamping  Auwaldsee  Ingolstadt


21 juillet  Ingolstadt / Neustadt a.d. Donau  35 km

UN CAMPING DE REVE

L’étape est courte aujourd’hui. Nous pédalons souvent sur la digue sur un chemin gravillonné qui n’est pas du goût de Nelle. A intervalles réguliers, la piste descend plus bas puis remonte si bien que nous posons souvent pied à terre. Pour le botaniste, l’étape pourrait être intéressante grâce aux fleurs le long du chemin mais à nous, elle nous paraît bien terne.

La bonne surprise est que le camping, indiqué sur notre carte au milieu de nulle part, se situe exactement à la sortie du village de Neustadt (attention à ne pas mélanger les noms entre Neuburg, Neustadt et autres variantes). Deuxième bonne surprise, les sanitaires sont luxueux et d’une propreté digne d’un hôpital. Des essuie-mains sont disponibles aux éviers et aux lavabos. La taille des douches et des toilettes est inhabituelle. Le carrelage beige est constitué de grandes dalles identiques aux murs. Dans les WC, les carreaux du sol qui bordent les murs ont été conçus avec un rebord de quelques millimètres pour remonter sur le mur et assurer un nettoyage parfait. Les WC sont suspendus. Une buanderie est disponible avec lave-linge, sèche-linge et fils d’acier recouverts de plastique pour l’étendage de la lessive. Le rêve pour moi qui arrive avec 11 cuissards, 10 maillots, 11 paires de chaussettes, etc… Pour parfaire le tableau, le gazon est parfait. Pour les achats, trois supérettes sont à moins d’un kilomètre.

Nous retrouvons « nos » Australiens. Cyliane fait des révisions et des progrès fulgurants en anglais avec la dame, Chris, qui parle très peu le français. C’est un échange pendant près d’une heure pour le plaisir des deux et aussi de Nelle qui essaie de comprendre.

Camping Platz  Felbermühle 1   93333 Neustadt a.d. Donau


22 juillet Neustadt a.d. Donau/ Weltenburg /  Regensburg   52 + 10 = 63 km

LE DETROIT DU DANUBE EN BATEAU

Pour nous éviter une côte difficile sur la piste, nous prenons une variante du « Donauradweg » vers Eining, puis une départementale jusqu’au Staubing. La route très tranquille présente moins de dénivelé que la piste et offre une qualité de bitume remarquable, ce qui est appréciable.
près de l'abbaye de Weltenberg

Près de Staubing, nous nous arrêtons à l’abbaye de Weltenberg, le cloître le plus ancien de Bavière, où nous retrouvons à nouveau les Australiens qui ont pris des billets pour la visite guidée en anglais. Nous nous contentons d’une rapide visite. De là, la piste jusqu’à Kelheim est difficile. Il est conseillé de prendre le bateau pour un trajet de 30 mn très pittoresque. Le Danube à cet endroit se fraie un passage entre des falaises qui s’élèvent jusqu’à 100 m. Sur une hauteur, on aperçoit un monument rond, le Befreiungshalle, construit en souvenir de la libération après les guerres napoléoniennes.

Bad Abbach est une petite ville thermale bien calme ce samedi. Un arrêt pour déjeuner plus ou moins au frais chez Paparazzo nous requinque avec de délicieuses pâtes diverses.

A Regensburg, c’est à nouveau un camping Azur, de la même chaîne que celui d’Ingolstadt, aussi cher, aussi policier avec obligation de montrer sa carte d’identité et de donner les dates de naissance de tout le monde, etc. Nos Australiens nous accueillent dans le secteur des tentes mais nous partageons une table avec des Lyonnais pour notre repas du soir. Ces derniers remontent le Danube, ce qui est plus sportif.

Regensburg (le nom « Ratisbonne » en français repose sur son nom celtique Ratisbona) est une ville qui mériterait une visite approfondie tant la diversité des bâtiments anciens est énorme, les petites rues charmantes donnant envie de profiter tranquillement du temps qui passe en ce samedi après-midi ensoleillé. La ville ancienne est sur la liste du patrimoine de l’humanité de l’UNESCO.

Paparazzo   Am Markt 5  93077 Bad Abbach
Azur Camping   Weinweg 40   93049 Regensburg     (49) 941 270025
www.azur-camping.de


23 juillet   Regensburg / Straubing  54 km

UNE ÉTAPE FACILE

Il pleut faiblement au départ mais cela ne dure pas. Nous traversons une partie de Regensburg et des bras du Danube. La vue sur la ville avec les clochers et les ponts est vraiment très jolie.

La piste est bitumée et les filles pédalent à toute allure jusqu’à 18 km/h si bien que Papi et Mamie traînent derrière. Nous doublons des cyclos vus au camping, qui ensuite nous doublent plus loin et ainsi de suite. La plupart des cyclistes « font » la piste du Danube si bien qu’il est fréquent de voir le long du parcours les mêmes avec qui on échange un bref salut ou la conversation.

Sur les hauteurs de Donaustrauf, nous apercevons le Walhalla, un temple à la manière grecque mais datant du XIXe siècle érigé en l’honneur sans doute de la mythologie germanique. A Kiefenholz, deux pistes sont possibles, l’une longe le Danube mais revêtue principalement de gravillons. L’autre nous emmène sur du bitume parfait et des petites routes. Le choix est vite fait, surtout qu’un habitant prend le temps de descendre de sa voiture et de nous expliquer en bon anglais que la première piste est très mauvaise.

Dans un village, peut-être Pondorf, nous voyons derrière nous le ciel presque noir. La pluie est imminente. L’abri bus est déjà occupé par un couple de cyclistes. Le petit porche de l’église fera l’affaire pour nous protéger d'une violente averse pendant que nous pique-niquons.

En traversant de la rive gauche à la rive droite du Danube, nous apercevons la ville de Straubig avec des tours, des clochers, un beau château d’eau qui nous rappelle
Straubing
furieusement celui de Sélestat (en Alsace). La place centrale où trône une colonne surmontée de sculptures dorées est bordée d’immeubles baroques ou plus anciens. L’église de briques est peinte en blanc à l’intérieur, donc très claire, mettant en valeur la décoration rococo et les vitraux.

Cette étape facile laisse une bonne partie de l’après-midi aux filles pour s’amuser au camping où nous retrouvons Chris, Steve et Phillip, « nos » Australiens. Nous faisons plus ample connaissance et ils nous proposent d’utiliser leurs petites chaises et leur bâche pour souper plus confortablement pendant qu’ils mangent au restaurant.

Camping  Wundermühlweg 5     94315 Straubing  (49) 09421 89794
www.campingplatzstraubing.de     

24 juillet Straubing / Nesslbach  65 km

UNE BELLE DOUCHE

Les magasins ouvrent à 8 h, pharmacie comprise. Je fonce pour acheter une huile de massage pour Nelle qui s’est plainte un peu, puis à DM pour du shampoing, du savon, du pâté végétal, etc. des produits qui me sont familiers puisque je les achète régulièrement à Kehl à 10 km de notre domicile. Je passe aussi chez Aldi pour de délicieux croissants, etc… car les poussins attendent avec le coq de quoi se mettre sous la dent avant de partir.

A mon retour au camping, tout est plié et rangé et je n’ai plus qu’à mettre les pieds sous une table à proximité des tentes pour savourer un copieux petit déjeuner. Les filles font des progrès pour tout plier et ranger !

Nous commençons par nous tromper de chemin car le panneau « Umleitung » (déviation) posé en raison de travaux est mal placé. Quelques centaines de mètres plus loin, nous devons contourner des ouvriers qui posent du bitume et enfin… la piste est à nous au milieu des champs de betteraves, de maïs et de pommes de terre.

Aujourd’hui lundi, jour très gris, la population des cyclistes a fortement réduit. Nous traversons régulièrement des villages au clocher à bulbe ou très pointu  et apercevons de loin en loin des abbayes.

Depuis deux ou trois jours, les indications pour la piste ne sont pas toujours judicieusement placées si bien que nous roulons avant Deggendorf sur une piste épouvantable avant de nous apercevoir que de l’autre côté de la route départementale une très petite route porte elle aussi le signe vert de piste cyclable.

A Deggendorf, un centre commercial propose plusieurs possibilités de restauration. Pas de pique-nique prévu car le temps est menaçant. La cuisine asiatique sera au menu avec du nasi goreng et du bami goreng indonésiens, délicieux et copieux.

Comme il pleut au moment de sortir du centre commercial, les filles sont candidates pour un gâteau. Cyliane met un point d’honneur à demander en allemand des « Schnecke », des pains en escargot agrémentés de caramel ou de noix.

Si nous échappons à la grosse averse à quelques mètres de la sortie, il n’en est pas de même avant l’arrivée à Nesslbach. Rien pour s’abriter de la pluie torrentielle qui a vite fait de nous tremper malgré nos impers. Nelle avait confiée à sa sœur qu’elle voulait pédaler vraiment sous la pluie, pour voir. Elle a vu !! 


L’arrivée du camping est mémorable. Nous sommes quatre cyclos dégoulinants avec même deux sacs de couchage qui ont pris légèrement l’eau. Heureusement, il y a un sèche-linge où nous mettons une partie de nos affaires, y compris les tennis des filles.

La pluie s’est remise à tomber très fort mais « nos » Australiens, arrivés bien avant nous, ont monté leurs tentes et nous attendent au camping.

Ce soir, nous dormons finalement à l’auberge du village car ce serait dommage que Cyliane et Nelle tombent malades à cause de l’humidité avant de partir à l’autre bout du monde dans une semaine avec leurs parents. Nous soupons gaiement avec Chris, Steve et Phillip au restaurant et au moment de payer nous nous apercevons que Steve a pris les devants et a réglé l’addition pour tout le monde. Heureusement que nous avions été modestes dans nos choix. Nous nous embrassons chaleureusement pour nous dire au revoir en espérant peut-être nous revoir demain à Passau.



25 juillet Nesslbach / Passau  / Landshut  35 km + 8 km 

PASSAU : UNE TRES JOLIE VILLE

Tout est à peu près sec ce matin, sauf les tennis de Philippe où nous glissons le sèche-cheveux alternativement dans l’une ou l’autre chaussure. Au fur et à mesure que les tennis sèchent, l’air de la chambre empeste. Nous quittons l’auberge de Nesslbach vers 9 h 15, pas plus tôt que d’habitude, mais il fallait rassembler un peu tout ce qui avait été étalé pour le séchage.

Dans la région, les panneaux de la vélo-route sont souvent soit mal positionnés, soit absents si bien que nous roulons avec d’autres cyclistes sur 200 m de piste très mauvaise avant de retrouver la bonne direction et le bitume. Le tronçon Nesslbach jusqu’à Passau est un des plus jolis depuis notre départ de Günzburg. Le fleuve coule dans une vallée bordée de villages blottis au pied des collines. La piste est en pente et le vent assez fort nous est favorable.

Nous traversons une dernière fois le Danube à vélo sur de gigantesques écluses et le long d’une centrale électrique de briques rouges. Passau est à moins de deux kilomètres.

Notre voyage à vélo en Bavière se termine au parking de la gare où nous retrouvons notre voiture. Une demi-heure nous est nécessaire pour monter le porte-vélos, les vélos et de ranger tous les bagages.

Et maintenant à nous le plaisir de pédaler plus léger jusqu’à la confluence du Danube et de l’Inn ! Cette rivière semble plus imposante que le Danube et roule des eaux rapides sous un ciel menaçant. Passau s’est construite en hauteur entre les deux rivières. Un mur d’enceinte de la vieille ville indique les inondations de 1999 et 2013. Cette dernière semble être à environ 6 m au dessus de la promenade où nous sommes. Pour atteindre le centre historique, nous poussons nos vélos dans une petite rue pavée en pente, qui a dû être construite plusieurs siècles avant l’invention du vélo. Le cœur de la ville est plus grand que nous pensions avec plusieurs églises, une cathédrale et des magasins le long desquels déambulent beaucoup de touristes. Le baroque est toujours à l’honneur ici avec des fenêtres encadrées de volutes exubérantes, de frises et de fleurs. Nous quittons avec regret Passau en voiture sous un soleil timide.

Ce soir nous dormons au camping de Langshut  pas très loin de l’aéroport de Munich. Le temps se dégrade décidément et nous en sommes réduits à manger nos dernières provisions sous l’abri prévu près du bâtiment des sanitaires. Tout le monde a hâte de rentrer sous la tente ou dans la voiture pour être bien au sec.


Camping Bresslauerstrasse 122  Landshut         total des km : 415