Parcourir la vieille ville est source d’enchantement et réserve bien des surprises. Les immeubles forment un ensemble unique avec leurs styles variés, espagnol, baroque, néoclassique, art nouveau et même mauresque, leurs balcons aux balustrades en fer forgé, ou en colonnes de pierre. Près de la cathédrale particulièrement, une rénovation plus que nécessaire a été entreprise En revanche, à quelques pas de là, la décrépitude des immeubles nous sidère. Le manque d’entretien dû aux pénuries d’argent et de matériaux, l’humidité et le temps ont causé des dommages énormes. Pourtant, nous pouvons admirer encore de très nombreux bacons aux ferronneries élégantes. La peinture n’est plus qu’un souvenir à ce stade de délabrement. Certains immeubles sont même écroulés. D’autres tiennent debout on se demande comment.
Autour
de la cathédrale, des femmes, jeunes ou âgées, habillées de satin
éclatant aux couleurs chatoyantes et de dentelles immaculées, se
promènent pour aguicher gentiment les messieurs et se faire
photographier en leur claquant une bise colorée sur la joue. Les
messieurs s’en tirent avec 1 cuc, soit environ 1 €. Les petits
orchestres sont nombreux aux coins des rues et attendent rétribution
pour leur prestation dans une ambiance bon enfant. Les touristes
sollicités mettent la main à la poche et les Cubains mettent ainsi
du beurre dans les épinards !
Un orchestre nous donne l’occasion d’esquisser quelques pas de
salsa, cette danse sensuelle, menée par un couple de jeunes Cubains
qui maîtrisent le sujet et entraîne le public à les suivre.
Quelques jours plus tard, nous nous initierons davantage à cette
danse en prenant un cours d’une heure dispensée par une Cubaine
joviale aux formes généreuses. Cela ne fera pas encore de nous des
spécialistes.
Nous
mangerons fréquemment au cours du séjour dans des « paladares »,
des restaurants tenus par une famille dans sa propre maison. Depuis
quelques années, il est autorisé de tenir un tel établissement
installé quelquefois dans une demeure prestigieuse ou bien une très
modeste maison. Nous y dégusterons une cuisine délicieuse. Le riz
servi ici midi et soir est le plus souvent mêlé à des haricots
rouges qui donnent une teinte brune au riz. Nous nous gorgerons
d’ananas, de papayes, de goyaves, de bananes et le jus de canne à
sucre fera des adeptes irréductibles dans notre groupe, surtout si
on y ajoute du rhum, une des spécialités du pays.
Santa
Clara, à environ 270 km au sud-est de La Havane, est un lieu de
pèlerinage pour les Cubains. Fidel
Castro a fait construire un mausolée avec une statue géante de Che
Guevara, l’arme à la main dans une posture déterminée et
volontaire. Ce révolutionnaire a marqué son époque et l’histoire
du pays. La dépouille de Che Guevara a été ramenée de Bolivie en
1997 alors qu’il est mort en
1967.
« Hasta la Victoria Siempre » (jusqu’à la victoire
pour toujours). Le slogan est gravé sur le monument mais il est
inscrit un peu partout à Cuba.
En
route vers Sancti Spiritus, les charrettes tirées par de vaillants
petits chevaux sont bien plus nombreuses que les voitures. Les
véhicules à moteur qui nous doublent sont hors d’âge. Les
Cubains les plus favorisés se déplacent en scooter électrique ou
en motocyclette. Pour les déplacements plus lointains, on fait du
stop ou on monte dans la benne d’un camion pour voyager debout ou
encore dans un des bus brinquebalants qui nous enfument de leurs gaz
d’échappement. Des
vaches malingres broutent dans les prés ; elles sont de couleurs
très variées et souvent croisées avec des zébus. De temps à
autre, les prés sont parsemés de rochers qui semblent émerger de
l’herbe comme des rochers de la mer.
A
Zulueta,
un petit un monument a été érigé en l’honneur du football avec
un ballon d’environ 70 cm de diamètre. Dans cette ville, le foot a
toujours été le sport préféré alors que dans le reste de Cuba,
le base-ball a la faveur mais de nos jours, le foot gagne en
popularité.
Sancti
Spiritus, sur la côte sud, est ravissante avec des rues en pente
jusqu’au fleuve Yayabo enjambé par un vieux pont de brique. Des
bâtiments du XVII et XVIIIe sont décorés de stucs baroques peints
en blanc qui tranchent sur les couleurs vives ou tendres des murs.
Les
champs, les prés, les plantations de canne à sucre se succèdent.
Un vautour peu farouche, tête rouge chauve et bec aquilin, perché
sur une clôture nous regarde sans broncher. C’est un urubu à tête
rouge. Ces petits vautours planent un peu partout dans le ciel, même
à La Havane.
Entre
Sancti Spiritus et Trinidad, nous parcourons la vallée de Los
ingenios. Les ingenios étaient les sucreries qui fonctionnaient au
XIXe
siècle. Un riche planteur de canne à sucre a fait ériger à Manaca
Iznaga une tour de 45 m pour surveiller ses plantations et ses
esclaves. De nos jours, les commerçantes, attirées par la clientèle
potentielle des touristes, proposent des nappes et des chemins de
table brodés, des corsages, des robes mais aussi des colliers faits
de graines vendus par cinq, des sacs en tissu ou en cuir, des
panamas. De très grands palmiers, de 20 à 25 m de haut, aux troncs
blanchâtres ponctuent la campagne.
Trinidad |
En
direction de Cienfuegos, à l’ouest de Trinidad, les premières
charrettes tirées par deux bœufs apparaissent. Les vieux tracteurs
poussifs ne sont guère nombreux. A
Giron, un petit musée conserve le souvenir de la bataille qui s’y
est déroulée et que les Occidentaux appellent le débarquement de
la Baie des Cochons. Les contre-révolutionnaires cubains, financés
et entraînés par les Américains, ont tenté d’envahir Cuba et de
renverser le gouvernement de Fidel Castro en 1961.
La tentative échoua au prix de nombreuses victimes. La région est
très agricole et c'est actuellement la récolte du riz qui est
étendu sur la moitié de la chaussée pour le séchage.
Toujours
plus à l’ouest, à San Diego de los Baños, petite bourgade située
au pied de la Sierra Rosario, le terrain est plus accidenté. Nous
entrons dans le Parque
Nacional La Güira dans la Sierra de Organos.
La végétation est exubérante. Des montagnes ressemblant à des pains de sucre sont couvertes de végétation. Des falaises grises sont parsemées de plantes et d’arbres qui s’obstinent à vivre haut perché accrochés aux pentes. La grotte de Portales est historique car Che Guevara y a séjourné avec une quarantaine de personnes. Après le débarquement de la Baie des Cochons, Fidel Castro a dispersé ses principaux lieutenants dans plusieurs endroits de l'île pour éviter que tous soient éventuellement tués en même temps. Dans les alentours, le Che entraînait ses troupes d’environ trois cents personnes pour exporter la révolution dans différents pays d’Amérique Latine et d’Afrique.
Parc de la Güira |
La végétation est exubérante. Des montagnes ressemblant à des pains de sucre sont couvertes de végétation. Des falaises grises sont parsemées de plantes et d’arbres qui s’obstinent à vivre haut perché accrochés aux pentes. La grotte de Portales est historique car Che Guevara y a séjourné avec une quarantaine de personnes. Après le débarquement de la Baie des Cochons, Fidel Castro a dispersé ses principaux lieutenants dans plusieurs endroits de l'île pour éviter que tous soient éventuellement tués en même temps. Dans les alentours, le Che entraînait ses troupes d’environ trois cents personnes pour exporter la révolution dans différents pays d’Amérique Latine et d’Afrique.
Presque
à l’extrémité ouest de Cuba, la région de Viñales
est réputée pour ses mogotes. Ce sont de montagnes isolées les
unes des autres aux pentes abruptes en pain de sucre avec le sommet
souvent plat.
Des chevaux trottent sur le côté herbeux de la chaussée montés
par des hommes à chapeau de cow-boy, lasso et à bottes en
caoutchouc. Sur
une falaise, une fresque monumentale aux couleurs vives a
été commandée par Fidel Castro en 1961. Ce
« mural de la préhistoire » mesure
120 m de haut et 180 m de long
et représente un escargot, des dinosaures et des hommes.
A
vélo, nous pouvons certifier que l’île de Cuba n’est pas plate.
Le relief, sans être extrême, oblige à donner de sérieux coups de
pédales. Une belle côte dans la région de Viñales est même
appelée familièrement « le fatigué ». C’est dire !
Les routes ne sont pas toujours en bon état ; certaines sont
des gruyères, d’autres sont pleines de petites bosses où l’on
apprécie la suspension des vélos et les gants pour amortir les
chocs. Pour aller rendre visite à un planteur de tabac, nous
empruntons après la pluie une piste avec des raidillons, boueux et
rocailleux, offrant la possibilité aux meilleurs de grimper
allègrement, aux moins expérimentés de se transformer en piétons
mais à tous de revenir avec les pieds crottés. Dans sa ferme, le
planteur de tabac nous initie à la fabrication d’un cigare
artisanal. Nous sommes invités ensuite à fumer. Comme la fumée ne
doit pas être avalée mais être gardée dans la bouche, pas de
quintes de toux intempestives !
Nos
vélos font l’objet de soins attentifs. Au moindre ennui technique,
Frank, notre jeune mécanicien, est là pour réparer crevaisons et
rayons cassés. Après la piste boueuse qui a laissé nos montures
dans un piteux état, c’est encore lui, avec l’aide de notre
guide, qui se charge de les laver avant de les ranger dans la soute
du bus.
A
l’intérieur de la réserve de la biosphère de la Sierra del
Rosario désignée par l’UNESCO, les Terrazas sont un complexe
touristique favorisant le développement durable pour faire vivre la
population locale. A quelques kilomètres, à San Juan de los Baños
la rivière saute de rochers en rochers en formant des petites
cascades ; à d’autres endroits, l’eau fraîche et claire se
calme dans des cuvettes au milieu de la végétation abondante. Polo
Montañez, auteur compositeur de chansons et idole des Cubains, a
vécu dans une petite maison au bord du lac. Une raison de plus pour
apprécier la musique cubaine et repartir avec un disque.
De
retour à La Havane, nous dormons dans le quartier Vedado, le
quartier résidentiel. Des palais rénovés récemment côtoient des
palais très délabrés. Il n’est pas certain que toutes ces
demeures prestigieuses abandonnées depuis des décennies puissent
être réhabilitées tellement leur état est proche de la ruine. Si
un jour tout est rénové, La Havane sera une des plus belles villes
du monde. Le cimetière est à ne pas manquer. Le portail d’entrée
est monumental, d’une bonne dizaine de mètres de haut surmonté
d’un calvaire. L’allée centrale est bordée de monuments
funéraires gigantesques en marbre de Carrare. Certaines familles ont
acheté des concessions qui font plus de 50 m2. Le bronze
rajoute à la splendeur des angelots et des croix. Dans un registre
plus gai, nous ne résistons pas à l’attrait d’une balade en
voiture américaine décapotable rose bonbon des années cinquante.
Pour
cette dernière journée, nous nous offrons encore une piña colada,
un cocktail qui a remporté un très grand succès au cours de notre
voyage, laissant loin derrière dans le classement le mojito ou le
"Cuba libre". C'est
déjà la fin de notre périple qui nous a fait découvrir un pays et
une histoire. Nous repartons en bus à l'aéroport avec un petit
pincement au cœur. Ce voyage restera un très bon souvenir grâce
aussi à notre guide, enfant du pays, à l’accompagnatrice de la
FFCT, compétente, souriante et bienveillante et à un groupe de
cyclos dont la cohésion fut spontanée.