lundi 25 août 2014

Véloroute 6 - Mulhouse à Saint-Jean-de-Losne 2014



Etape 1       17 km                                                               
Zillisheim  (environs de Mulhouse) / Wolfersdorf, le port fluvial de Dannemarie
(Haut-Rhin)

           
Cyliane 8 ans et Nelle 6 ans (au centre leur Mamie)

Etape 2     23 km
Wolfersdorf / Allenjoie (Doubs)


Etape 3      39 km
Allenjoie / Montbéliard / L'Isle-sur-le-Doubs (Doubs)
Montbéliard



Etape 4       50 km
L'Isle-s-le-Doubs / Clerval / Baume-les-Dames / Laissey (Doubs)
environs de Clairval
Cela peut être dur quand on quitte le bord du canal ou du Doubs !

Etape 5       46 km
Laissey / Besançon / Osselle (Doubs)
sous la citadelle de Besançon


Etape 6        36 km
Osselle /Saint-Vit / Rochefort-sur-Nenon (Jura)
Vive le vélo et les clochers comtois


Etape 7        33 km
Rochefort-sur-Nenon - Dole - St-Jean-de-Losne (Côte d'Or)      total 244 km



lundi 11 août 2014

SERRE A GAUCHE ! (ou l'Angleterre à vélo)


Mai 2014 Prologue


La première étape n'est pas fatigante puisque nous allons en voiture de Strasbourg à Chereng, village de 3 000 habitants des environs de Lille. Avec nos amis Jean et Nadine nous visitons rapidement Lille et, en Belgique, Tournai puis Courtrai. Donc un week-end heureux, paresseux et très ensoleillé.



Etape 1. Chereng (banlieue de Lille) / Canterbury (Kent) 64 km dont 47 en Angleterre                     


Le GPS qui nous joue des tours et des côtes à n'en plus finir


La gare de Lille Flandres est à 11 km du domicile de nos amis. Pour y arriver nous empruntons presque uniquement des pistes cyclables mais aussi pour quelques centaines de mètres une voie interdite aux vélos en roulant sur l'étroit trottoir.  A la sortie de la gare de Calais Ville, la route semble interminable pour arriver aux terminaux des ferries car on longe les installations pour faire une grande boucle et arriver effectivement à la billetterie. Sur le ferry, des groupes scolaires d'ados français ou allemands font un boucan d'enfer mais c'est bien normal. C'est sans doute leur premier voyage en ferry. Nous sortons les tout derniers du bateau, les cyclistes sont une quantité négligeable. Ce temps d'attente permet à Philippe de brancher son GPS et de constater que la carte d Angleterre n'est pas chargée. Nous n'avons donc ni carte numérique ni carte en papier que nous avions pensé superflue d'acheter ! Tous les circuits qu'il a si minutieusement préparés n'apparaissent donc pas. Il est vert de déception ! Nous devons donc trouver l'office du tourisme pour trouver une carte.

La sortie de Dover menant au château est une très longue et dure pente qui nous laisse suant au sommet. Mais, si cette côté est la plus longue de la journée, elle n'est pas la plus abrupte. Jusqu'à Canterbury, ce ne sont que côtes et descentes. Nous essayons de suivre l'itinéraire cycliste n° 16 mais la signalisation souvent défaillante nous mène sur une route que nous considérons comme trop dangereuse. Demi-tour, et nous reprenons notre itinéraire sur des routes si étroites qu'une voiture ne peut doubler un cycliste ! Nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! Nous faisons ensuite environ 4 km sur une autoroute en roulant bien sûr le plus à gauche possible. Une expérience inédite que nous ne souhaitons pas renouveler. Cependant personne ne klaxonne et, en se trompant à nouveau de route, nous découvrons que cette autoroute est à certains endroits autorisée aux cyclistes pour aller sur plus de 10 miles vers Londres !
Nos hôtes à Canterbury sont absolument charmants et intéressants. Mark est parti à vélo avec son fils âgé alors de 18 ans de l’Irlande jusqu'au Japon. De quoi passer une excellente soirée à bavarder.


Étape 2. Canterbury / Dartford (Kent)  84 km

Un départ mouvementé car Philippe perd le précieux itinéraire avec des renseignements très importants ensuite l'itinéraire est pénible car les routes sont très encombrées.


Nous quittons à regret nos hôtes et partons faire un rapide tour devant la cathédrale. Nous n'avons ni le temps ni l'envie de la visiter (10.50 £ l'entrée par personne) mais quelques photos s'imposent. Je confie alors la liste de tous nos contacts mis à jour au dernier moment avec au dos l'itinéraire précis pour rejoindre Dartford. Philippe a un porte-carte transparent qui sera alors utile. Au bout d'un kilomètre environ, Philippe s'aperçoit qu'il a perdu ce précieux papier car il ne l'a pas mis dans le porte-carte mais simplement glissé entre deux épaisseurs de plastique. Hier il aurait pu être vert de rage et aujourd'hui rouge de honte.

Nous refaisons le chemin inverse jusqu'à la cathédrale sans rien trouver. Nous retournons chez Mark pour refaire l'itinéraire.                          

Mark, fin connaisseur des petites routes, nous conseille un chemin forestier d'assez bonne qualité et en plus prépare l'étape du lendemain. En repartant, à environ un kilomètre de la maison, je trouve ce précieux document sur le trottoir, nous l'avions raté une heure avant !
Le chemin dans la forêt est pour nous seuls, les oiseaux et les écureuils. Ce calme fait notre bonheur. Quel changement avec la veille! Mais comme rien n'est parfait, nous prenons à un moment une mauvaise direction et arrivons sur une autoroute. Remonter sur environ 300 mètres un chemin caillouteux à cet endroit-là avec une pente variant de 8 à 13 % nous fait d'autres muscles que ceux les plus sollicités à vélo.

Nous prenons notre dessert au bord d'une route, chez un maraîcher. Les fraises du Kent, très grosses et assez pâles, sont excellentes. Le maraîcher a raison. Elles valent largement nos meilleures fraises françaises.

Nous roulons pendant des kilomètres sur des routes très encombrées, qui pour faire varier les plaisirs montent, descendent, montent et redescendent dans une zone très urbanisée. Nous sommes aux portes de Londres, une métropole d'environ 12 millions d'habitants.              

Étape 3. Dartford / Londres / Enfield (banlieue de Londres)  54 km

Une belle journée avec la découverte principalement du Londres moderne et une très agréable soirée


Décidément les Français pullulent à Londres et dans les environs ! A l'hôtel Campanile, Philippe a discuté hier avec le chef cuisinier de Strasbourg. Une des serveuses et l'une des hôtesses à la réception font des stages pour parfaire leur anglais. À Greenwich et à Londres des hordes de jeunes Français encadrées par leurs professeurs se promènent. Les drapeaux français que j'ai cousus sur nos sacs de guidon ne laissent pas indifférent. C'est d'ailleurs le but. "Vive la France" nous crient les enfants. On voit aussi de l'intérêt dans les yeux des adultes. Le jardin de l'observatoire de Greenwich est magnifique et offre en plus de son méridien, un panorama 

exceptionnel sur Londres. De là, nous remontons la Tamise jusqu'à Tower Bridge, lieu mythique qui vaut bien des séances photo répétées. La promenade Reine Elisabeth créée à la fin des années 1990 est très agréable et draine des milliers de touristes qui se mélangent aux milliers d'employés qui viennent déjeuner en plein air. La passerelle du millenium qui mène à Saint-Paul compte quelques dizaines de cadenas accrochés par des couples d'amoureux. Pourquoi sont-ils si peu nombreux par rapport au pont des Arts de Paris ? Sont-ils coupés par la municipalité ?

La traversée de Londres à vélo est à réserver aux cyclistes rapides et pas timorés. On double à toute vitesse les bus à l'arrêt pour se rabattre dans la voie de bus quand il y en a une, puis on cède la place aux bus en se rabattant à droite sur la voie avec les voitures. On se colle entre le trottoir et les voitures en l'absence de voie réservée pour atteindre si possible le début de la file près des feux tricolores. Il n'est donc pas facile d'observer la ville dans ces conditions. Observer la ville n'est d'ailleurs pas le souci des cyclistes londoniens, principalement masculins, qui déboulent à toute vitesse.

Après les quartiers de la finance, apparaissent des quartiers plus populaires vers le nord de la ville. En quelques kilomètres, nous croisons quatre femmes complètement voilées de noir, y compris le visage, quelques vieux rastas cachant leur tignasse volumineuse dans des bonnets puis des enfants d'une école juive orthodoxe avec des garçons portant kipas et des fillettes en jupes et collants sombres.

Nous passons la soirée chez Richard, un fondu de vélo, et Alison, institutrice, avec qui nous parlons en français pour réveiller ses connaissances linguistiques.


Étape 4. Enfield /  Cambridge (Cambridgeshire)  91 km


On essaie de se diriger sans carte ni GPS et expérimentons les premières pistes cyclables dans la campagne


La piste le long de la Lee est bitumée au début mais rapidement le bitume disparaît pour laisser place à du stabilisé de qualité variable. Au fur à mesure que l'on s'éloigne de la banlieue londonienne, la piste devient par endroits un simple sentier parsemé de flaques. Comme nous n'avons pas de GPS et nous n'avons pas pu trouver de carte, nous demandons sans cesse notre chemin, ce qui réduit beaucoup notre allure. Avant Harlow, après 15 km, nous renonçons à poursuivre sur la piste car elle comportera quatre portes en chicanes pour le bétail. Ces portes ne peuvent pas être franchies par des vélos, sauf en les soulevant. Impossible pour nous. Nous reprenons la route avec un peu d'appréhension après les trois étapes précédentes. Heureusement la circulation est moins intense et la qualité du revêtement s'améliore. Un orage nous arrête provisoirement avant Cambridge, but de la journée. 
La ville grouille d'étudiants cyclistes. Trinity College apparaît  sous son meilleur jour avec le soleil retrouvé. Le marché sur une place centrale se vide mais on peut y voir encore quelques réparateurs de vélos au travail et qui vendent des accessoires pour vélos.


Alex, professeure en relations internationales, nous accueille dans sa petite maison ouvrière datant de la fin du XIXe siècle, l'une d'une longue série formant toute une rue. A l'arrière toutes les maisons disposent d'un jardin qui fait face à une autre série de jardins pour les maisons de la rue parallèle. Entre ces deux rangées de jardins, un étroit passage, comme une ruelle, dessert tous les jardins, et aboutit à une porte fermée donnant sur une rue perpendiculaire. Ce passage sert au stockage des poubelles mais surtout aux enfants qui sont en sécurité et vont facilement chez leurs copains sans mettre le nez dans la rue envahie par les voitures.


Étape 5. Cambridge / Peterborough (Cambridgeshire) / Werrington 70 km

Vive le vent dans le dos, la jolie cathédrale de Peterborough et un accueil sympathique chez un couple !
Au fur et à mesure que nous roulons vers le nord, la qualité des routes s’améliore, le trafic diminue, nous ne roulons plus à l’aveuglette puisque nous avons une carte routière. Le vent continue à être favorable jusqu'à Peterborough, ville de 185 000 habitants. La cathédrale est donc vite atteinte. Elle se dresse majestueuse dans un espace de pelouse et de bâtiments religieux parfaitement entretenus. La façade est impressionnante avec trois arches gothiques monumentales.
La cathédrale était autrefois renommée pour sa relique du bras de Saint-Oswald. Le maillot de notre club, l’Amicale Cycliste d’Ostwald, que porte aujourd’hui Philippe, fait sensation auprès de la charmante dame qui donne des informations.
Nous avons encore la chance d’être hébergés par un couple sympathique qui vit dans une superbe maison. Leur fille est en train de rouler de Los Angeles à Ushuaia à vélo et elle est souvent aidée par des membres du réseau Warmshowers. Pour rendre la pareille, Veronika et Tony se sont eux aussi inscrits sur ce site et nous sommes les deuxièmes hôtes pour eux. Tony est originaire de Liverpool ; son accent du Lancashire est souvent difficile à comprendre. Cela n’empêche pas de passer une soirée agréable à discuter et échanger autour d'un excellent repas.


Etape 6. Werrington / Lincoln (Lincolnshire)  86 km

Une matinée de pluie mais une arrivée sous le soleil
La pluie était annoncée et elle n’a pas manqué le rendez-vous ! Nous sortons les pantalons de pluie et couvrons nos sacoches. Nous apprécions aussi les imperméables pour les casques qui ont l’avantage d’être jaune fluo et donc très visibles. Veronika nous prie d’accepter quelques sandwiches pour midi en nous disant que nous ne trouverons rien sur la route. Effectivement, les miles s’additionnent et pas le moindre commerce pour acheter quoi que ce soit. C’est la campagne profonde avec des haies, des prés, quelques fermes isolées.

Apres 13 h, la pluie cesse et nous pédalons jusqu’à Lincoln dans une « guest house » typique. Le salon est à disposition avec boissons chaudes ou froides à volonté, petits gâteaux, revues, fauteuils confortables, moquette épaisse et ordinateur. La décoration très anglaise, « cosy », est un peu chargée mais de qualité. Nous apprenons que cet établissement a été élu meilleure guest house d'Angleterre.
La rue qui mène à la cathédrale de Lincoln s’appelle la rue en pente. Inutile de s’y risquer à vélo tellement elle est abrupte. Le quartier qui entoure la cathédrale est ancien et plein de charme. Le soleil de fin de journée met superbement en lumière la façade de la vaste cathédrale gothique. Un office est en cours dans le chœur séparé de la nef par un jubé de dentelle de pierre. La chorale est remarquable et nous offre un magnifique concert. La collectionneuse que je suis regrette tout de même que nulle part il ne soit possible de trouver une carte postale.Nous sommes une veille de Bank Holiday, donc d’un jour férié. Des jeunes femmes déambulent entre copines dans les rues en robes du soir légères et relativement élégantes, ou en tenues osées malgré la température frisquette.


Etape 7. Lincoln / Selby (North Yorkshire) 93 km


Une étape très facile et une arrivée dans un pub

La campagne très plate est sillonnée de larges et profonds fossés en partie remplis d’eau. Les champs de blé succèdent aux champs de colza ou de petits pois. Nous passons sur des canaux de différentes tailles et près d’éoliennes par des petites routes tranquilles.

A Selby, l’abbaye, en réalité, la grande église romane et gothique de la ville, ne manque pas d’attrait. Un vitrail ancien montrant les armoiries de la famille de Georges Washington serait à l’origine du dessin du drapeau américain, ce qui explique la présence d’un drapeau américain contemporain. L’Eglise d’Angleterre est pleine d’idées pour attirer les jeunes. Tous les dimanches à 17 h 30, un film est projeté sur un grand écran installé devant l’autel. La sonorisation peut rivaliser avec un bon cinéma.
L’hôtel où nous logeons est aussi un pub passablement fréquenté à 16 h et extrêmement bruyant. Hommes, femmes et famille s’y retrouvent entourés d’écrans qui diffusent des publicités ou des clips, et d’appareils clignotants pour jeux vidéo divers.


Etape 8. Selby / York / Tollerton (North Yorkshire) 41 km


Une piste cyclable aussi bonne qu’en Alsace et un accueil chaleureux
A partir de Recall et jusqu'à York, la piste 65 est tracée sur une ancienne voie ferrée : dénivelé nul, largeur convenable, bitume excellent, déjà de quoi satisfaire des cyclistes exigeants. C’est la meilleure que nous voyons depuis notre départ. De plus, le système solaire a été représenté sur ce parcours avec des planètes plus ou moins grosses espacées de plus d’un kilomètre l’une de l’autre ou de quelques mètres proportionnellement à leur distance dans l’espace.
Depuis le centre ville de York, la piste au bord de l’Ouse est plus étroite, très fréquentée mais très agréable dans les prés couverts de fleurs.
Tollerton, un village de 800 habitants, n’est qu’à quelques coups de pédale. Sarah et Rome, sa mère, nous guettent devant leur maison, Sycomore Cottage. Nous y passerons quelques jours de repos.

Repos à Tolleron et à Husthwaite



Pas de vélo pendant quatre jours et demi ! Sarah, notre guide, nous emmène pour une très belle promenade ensoleillée par les sentiers (public footpath), au cœur du Yorkshire Dales National Park. Les moutons broutent une herbe bien verte dans des prés délimités par des murs de pierres sèches. Dans ces collines, le passage du Tour de France est la grande manifestation de l’année. A Arkigg, beaucoup de maisons sont déjà décorées avec des vélos jaunes découpés dans du bois. Le comté du Yorkshire met tout en œuvre pour inciter la population à prendre part à cet événement. Les côtes ici ne sont pas bien longues mais certaines sont abruptes.
Le musée du chemin de fer de York expose beaucoup de locomotives, de wagons de toutes les époques, de souvenirs de toutes sortes et la gare reconstituée grouille de monde qui mange sur les quais plus confortablement que dans les gares actuelles.
Nos amis, Breda et Mike, à Husthwaite ont la passion du jardinage comme beaucoup d'Anglais. Ils ont transformé le champ derrière leur maison en un vaste jardin. Des arbres de différentes essences, des bosquets de fleurs ont été plantés. Une mare aux canards a été creusée. Un petit pont de bois enjambe un ruisseau. Le gazon est parfait. Pour profiter le plus possible de ce jardin remarquable, nos amis ont agrandi leur maison dont maintenant le salon à la vaste baie vitrée donne sur le jardin.

Une escapade dans la station balnéaire renommée de Scareborough sous un merveilleux soleil est l'occasion de goûter à une spécialité mythique de l'Angleterre : le fish and chips, un gros morceau de poisson pané frit et servi avec des frites. Autre spécialité mythique, le pub, où nous avons eu la chance de finir une soirée dans une ambiance chaleureuse et musicale.
Pour finir en beauté, Breda tient à nous offrir le dîner servi avec des couverts soignés, trois couteaux, deux fourchettes, trois assiettes, deux verres, l'élégance à l'anglaise dans une ambiance amicale.


Etape 9.  Huswaithe / Bowburn (comté de Durham)    

88 km  868 m de dénivelé


L'Angleterre agricole et paisible et l'Angleterre minière
Au fur et à mesure de notre avancée vers le nord, les côtes deviennent de plus en plus fréquentes. Elles sont courtes mais l'une atteint quand même 13 %. Les fermes succèdent aux fermes. Quelques troupeaux de vaches alternent avec des moutons.

Nous arrivons dans une ancienne région minière. 
Les petites maisons de brique rouges toutes semblables forment des rubans le long de Bowburn. Le chômage y est important et, nos hôtes nous précisent qu'ici, certains se contentent de toucher leurs allocations sans vouloir se déplacer de quelques kilomètres pour trouver un travail.



Etape 10. Bowburn / Durham / Newcastle-Upon-Tyne / Newburn (près de Newcastle) comté de Tyne and Wear 60 km


Des côtes et des ponts qui demandent de maitriser parfaitement les dérailleurs

Durham s'étage sur des pentes escarpées jusqu'à la rivière Wear. La cathédrale est un joyau d'architecture romane.
A notre arrivée, les cloches sonnent longuement en offrant aux habitants un concert qui peut rivaliser avec les beffrois du nord de la France. Autour de la grande pelouse devant la cathédrale, l'université est installée dans des bâtiments de style Tudor.Jusqu'à Gateshead, cette ville faisant maintenant partie de Newcastle, les côtes et les descentes sont de plus en plus raides et nous jouons sans cesse des dérailleurs. L'ange du nord (The angel of the north) tend très largement les bras. Cette sculpture monumentale en acier datant de 1997 et haute de 20 m, large de 54 m, fait la fierté des habitants.

En quelques coups de pédale, nous traversons un impressionnant pont métallique qui surplombe la Tyne. Newcastle compte de très grands ponts de toutes sortes, dont une passerelle futuriste, le pont du millénaire, à proximité d'un bâtiment aussi futuriste au toit métallique ondulé et brillant, le palais de la musique.
Nous empruntons depuis le bord de la Tyne la piste d'Hadrian qui nous mène dans un petit village, Newburn, où nous dormons ce soir. La piste est convenable, sauf sous un petit tunnel inondé et encombré de détritus, seul moyen d'éviter un croisement de voies rapides. Les pistes ici sont pleines de surprises.



Etape 11.  Newburn / Mur d'Hadrian / Melkridge (Northumberland) 

65 km


De redoutables côtes sous la grisaille, un retour dans le passé au mythique Mur d'Hadrian et la ville romaine

La piste 72, la piste d'Hadrian, est tracée sur une ancienne voie ferrée, la Wylam Waggonway, un des berceaux du chemin de fer. Dès 1763, des wagonnets tirés par des chevaux circulaient sur des rails en bois, puis à partir de 1803, sur des rails en fer. Rapidement ensuite les toutes premières locomotives à vapeur ont pris le relais.

Cette piste d’Hadrian ne mène pas au Mur d'Hadrian. Désorientés, nous arrêtons un groupe de cyclistes avec un plan plus détaillé. Ce sont cinq cousines norvégiennes qui ont acheté un voyage, clé en main, avec location de vélos. Elles sont sans doute plus habituées que nous à la grisaille et au vent frisquet. Le mur d'Hadrian au Fort de Housesteads est atteint non sans effort car la route se plaît à monter et descendre de manière vertigineuse. Pauvres Romains ! Il fait froid, il pleut et ils n'étaient pas aussi bien équipés que nous. D'ailleurs, des écrits ont été retrouvés où un soldat remercie sa mère pour les chaussettes et les culottes chaudes qu'elle lui a envoyées. Un peu plus loin, Vindolenda était une ville où soldats et civils vivaient dans un confort relatif.
17 % et sur près d'un kilomètre et demi ! C'est la côte pour arriver au camping de Melkridge ! Je pousse lamentablement mon vélo et même le compteur refuse d'afficher la vitesse tant je vais lentement ! La bunk barn que nous avons réservée est une chambrette avec des lits superposés, mitoyenne à l'annexe des sanitaires. N'ayant pas de matériel de couchage, nous avons également loué draps et couettes. Bouilloire, micro-ondes, sachets de thé et de café sont aussi à disposition, tout ce qu'il faut pour jouir d'un soleil finissant.


Etape 12. Melkridge / Kendal (Cumbria) 105 km 

 1072 m de dénivelé


Direction vers le sud pour la plus longue étape depuis le départ, la plus belle route, et un col qui ne dit pas son nom.


Notre progression vers le nord est terminée et nous filons vers le sud. Nous nous habituons aux routes fréquentées mais apprécions au sud de Carlisle notre meilleure route depuis Douvres, la A6 : large, bien revêtue et à circulation très faible. Mon vélo depuis quelques jours fait des bruits inquiétants à l'arrière. Est-ce la roue libre qui faiblit, est-ce les roulements qui fatiguent, et, on ne sait jamais, l'axe qui va rompre ?
Penrith est une des portes du Lake District où le cyclisme est très apprécié. Les vélocistes sont nombreux. En trois quarts d'heure le problème est réglé : changement des cuvettes et des roulements. Je repars le cœur léger mais 3 ou 4 km plus loin, le pédalier se met à faire du bruit à chaque coup de pédale ! Et plus j'appuie, puis le bruit est fort.

A partir de Shap, j'entends le bruit de plus en plus car la route monte très régulièrement et constamment. Les pentes aux tons verts les plus différents ne sont plus parsemées de moutons. Il commence à faire froid. Des panneaux nous préviennent que la route peut être verglacée. Le sommet à 1 440 pieds n'a pas de nom mais nous faisons une pause pour lire sur le petit monument l'hommage rendu à tous ceux qui ont construit la route et secouru les voyageurs en détresse.
De l'autre côté, le soleil est au rendez-vous et tout est plus riant. Moi aussi car le vélociste de Kendal trouve en deux minutes que le bruit ne vient pas du pédalier mais simplement des pédales insuffisamment serrées !


Etape 13. Kendal / Longridge (Lancashire)   80 km


Une journée bien grise et une soirée ensoleillée par nos hôtes
Lancaster est une cité assez grise, il pleut un peu et le centre piétonnier est en partie en travaux. Rien de bien souriant. Le château nous laisse indifférents mais nous passons sur le pont du millénaire, réservé aux piétons et aux cyclistes. Nous croisons pour la première fois des cyclotouristes à sacoches, ou à paniers comme on dit en anglais. Comme les cyclistes ont généralement deux "paniers", on prononce le s à la fin, oscillant entre un accent français pur jus et un accent anglais du meilleur effet.
Par des petites routes qui ondulent sur les collines nous arrivons à Longridge, petite ville où nous sommes reçus très chaleureusement par un couple de cyclistes, Nick et Ginette, qui ont voyagé pendant trois ans en Europe, Asie et Australie. Grâce au site Warmshowers, nous faisons ainsi de formidables rencontres et des économies appréciables.
Cependant, à quelques centaines de mètres de l'arrivée, j'ai la peur de ma vie. Philippe traverse une route en oubliant qu'on roule à gauche ici et regarde du mauvais côté. La voiture heureusement freine assez pour s'arrêter et laisser passer cet étourdi. Depuis plus de deux semaines que nous sommes en Angleterre, nous pensions pourtant avoir acquis les bons réflexes mais un instant d'inattention peut être fatal.



Etape 14. Longridge / Liverpool (Lancashire) 87 km


Des pistes cyclables redoutables, des kilomètres de bandes bitumées le long de routes bruyantes et un vent à décorner les bœufs

Notre hôte, Nick, nous conseille une piste cyclable pour éviter la route. C'est charmant mais, une fois de plus, nous sommes étonnés. La piste qui contourne Preston offre dans un sous-bois une descente de 20 % en terre avec des passages boueux, puis des grilles à bestiaux. Il est donc nécessaire d'avoir de bons pneus.

Le bord de mer près de Southport est très venteux et nous ne dépassons guère les 10 km/h en terrain plat. Nous faisons une halte à Marshside, une réserve d'oiseaux avant de nous diriger, fatigués et affamés, vers le premier restaurant venu, un MacDonald's, une chaîne qui nous reverra, ce qui est contre nos habitudes. En effet, pour avoir la WIFI, il n'est pas nécessaire d'avoir un portable britannique, à l'inverse de certains cafés.
A Southport démarre la Transpennine, la piste 62, qui va de la mer d'Irlande à la mer du Nord sur 215 miles, via Liverpool et à son extrémité à Selby et Hornsea. Nous l’empruntons jusqu’à Liverpool grâce aux explications très détaillées d’un cycliste.
A 18 h, nous arrivons au centre-ville de Liverpool dans des rues presque vides et sommes stupéfaits par un des trois bâtiments appelés "les trois grâces", un bâtiment massif, énorme et haut, le Liver Building, souvenir de la grandeur passée du port.            


Une journée de repos passée à visiter Liverpool.


Cette ville est surprenante tant par ses larges rues où l'on peut circuler à vélo sans être


particulièrement gêné par les voitures, que par l'architecture de ses bâtiments qui mélange

 l'ancien et le moderne. 





La cathédrale catholique d'architecture moderne est à ne pas manquer, ainsi que la bibliothèque dont la façade ancienne et peu engageante cache un agencement moderne où les étages ouverts sont baignés de lumière grâce au dôme de verre couronnant l'édifice. 

Cet ancien port industriel a réussi à convertir ses docks devenus obsolètes en une promenade agréable où galeries d'art et magasins font le plaisir des promeneurs.
 




Partout les portraits des « 4 garçons dans le vent » qui ont fait la renommée de la ville sont présents. Magasins et musées permettent aux fans des Beatles de satisfaire leur passion, mais les prix d'entrée de près de 20 € par personne peuvent être dissuasifs.


Etape 15. Liverpool / Shrewsbury (Shropshire) 103 km


Pluie battante au départ sur des routes encombrées mais accalmie en fin de journée
Nous quittons à regret notre charmante hôtesse, surtout que la pluie assez forte ne semble pas vouloir s'arrêter.

Équipement maximum contre la pluie et je me félicite d'avoir cousu une housse pour ma sacoche de guidon avec le tissu d'un parapluie hors d'usage. Le reste du tissu a failli passer à la poubelle quand je me suis ravisée et l'ai emporté. Il couvre maintenant tant bien que mal mes sacoches à l’arrière. C'est du bricolage assez efficace et voyant car le parapluie était rouge et bleu, tout ce qu'il faut sur les routes pour être vu. Pendant presque toute la matinée nous pédalons courageusement sous une pluie battante qui devient de la bruine. Nos pieds sont complètement mouillés et le resteront toute la journée. Mon cuissard est aussi mouillé que la couche d'un bébé au petit matin.

Whitchurch s'enorgueillit d'abriter une entreprise familiale, Joyce, qui construisit dès 1690 des horloges monumentales pour les bâtiments jusqu'à Shanghaï et en Afrique du Sud. Shrewsbury est une ville connue pour ses maisons remarquables par la qualité de leurs colombages très ouvragés peints en noir et aux murs blancs.


Etape 16. Shrewsbury / Ironbridge / Bewdley (Worcestershire) 

 68 km


Une vallée industrielle historique et des côtes, puis un accueil très apprécié
Le pont de fer, Ironbridge, a été construit avant la Révolution française dans une vallée déjà industrialisée grâce au fer, au charbon, à l'argile et l'eau disponible tant pour la force motrice que pour le transport.
C'était à cette époque l'endroit le plus industrialisé du monde. Aujourd'hui, la vallée attire les touristes avec des musées consacrés aux différentes activités du passé. Ce passé glorieux a permis à cette vallée d'être inscrite sur la liste de l'UNESCO.

La région nous réserve de terribles côtes et nous arrivons à Bewdley sous un ciel menaçant. Nous sommes attendus dans une maison bien difficile à trouver si bien que nous téléphonons à notre hôte pour plus de détails. David vient finalement à notre rencontre en voiture et prend nos sacoches. Cela nous permet de faire le dernier kilomètre terriblement pentu sans poser pied à terre.
L’accueil par les membres du réseau Warmshower est toujours chaleureux, que ce soit dans des maisons minuscules ou des demeures bourgeoises immenses, comme ce soir. Ces soirées autour d'un repas sont l'occasion d'échanges enrichissants qui nous obligent à mettre notre anglais en pratique.

Etape 17. Bewdley / Hereford (Herefordshire) 57 km , 870 m de dénivelé


Une étape courte mais mémorable avec de la pluie, des inondations, une réparation et une côte éreintante
A 100 mètres du départ, nous nous équipons contre la pluie qui commence à tomber et 1 km plus loin, nous avons la bonne idée de nous abriter dans Bewdley sous un passage couvert avant que l'orage ne commence vraiment. Nous attendons presque une heure et repartons avant de trouver la route inondée par une eau, couleur gré des Vosges.




Philippe contourne comme il peut mais je me lance malgré le courant pour passer en levant les jambes le plus haut possible. Des voitures passent lentement en faisant des gerbes de deux mètres de haut. Quelques centaines de mètres plus loin, une mare est encore plus longue, plus profonde, le courant plus fort et les automobilistes nous recommandent de faire demi-tour. Après 4 miles de côtes, nous ne pouvons nous résoudre à refaire le chemin et à prendre une route plus longue. On se lance l'un après l'autre. Malheureusement, l'élan n'est pas suffisant et il faut pédaler avant le bout de la mare ! Bain de pieds complet qui m'oblige à essorer mes chaussettes !
Avant Bromyard, une terrible côte est à gravir, d'environ 1,5 km avec une pente le plus souvent entre 10 et 15 %. Je pousse piteusement mon vélo tandis que Philippe met un point d'honneur à terminer sur le vélo mais fait les dernières dizaines de mètres en danseuse. Le sommet est couvert de digitales rose violacé en pleine floraison, une récompense après un tel effort.
Après un arrêt pour déjeuner à Bromyard, je constate que ma roue arrière est à plat. La valve de la chambre à air qui depuis le début avait une fâcheuse et curieuse tendance à sortir du trou de la jante a finalement cédé, elle est irréparable. Notre chambre à air de rechange, de type Schrader, ne rentre pas dans la jante ! Heureusement, et merci les petits commerces de proximité, deux nouvelles chambres à air d'excellente qualité peuvent être achetées à deux pas !


Etape 18. Hereford / Monmouth (pays de Galles) / Henbury (banlieue de Bristol)  76 km


Toujours du nord vers le sud. Les prévisions météo annoncent de la pluie, tous les hôtels et les chambres d'hôtes sont complets mais la chance nous sourit.
La pluie annoncée ne vient pas et la campagne anglaise est ravissante. Les collines aux prairies bien vertes sont piquetées de bosquets, de haies, de petites forêts. Collines veut dire "côtes" en langue cyclotouriste et entre Hereford et Monmouth une côte m'oblige, une fois de plus, à pousser mon vélo. Au-dessus de 10 %, je pédale encore s'il y a moins d'un demi-mile mais au delà, je me reconvertis à la marche !

Monmouth est au Pays de Galles où nous faisons une incursion. Les panneaux sont doublés en gallois et nous apprenons très rapidement que "araf" veut dire "slow" puisque c'est peint sur la route. A partir de Monmouth, la route suit une rivière, la Wyre, le plus souvent en descente dans la forêt. Avant Bristol, la Severn qui s’élargit en estuaire est enjambée par deux ponts. Une large piste cyclable très sécurisée mais venteuse est aménagée sur celui de Chepstow.
Bristol, la sixième ville d'Angleterre, est très active et les hôtels sont complets en semaine. Nos tentatives par internet, téléphone et même sur place sont vouées à l'échec. Préoccupés et cherchant notre chemin, nous sommes abordés par une dame qui nous propose de dormir chez elle. Proposition acceptée d'emblée et nous suivons Jan chez elle, à quelques pas de là. Discussion amicale bilingue avec cette cycliste qui s'apprête dans quelques mois à faire Land's End/John O'Groats, de l'extrémité sud-ouest de la Grande-Bretagne à l'extrémité nord-est, un itinéraire très en vogue parmi les cyclistes anglais.



Etape 19. Henbury / Bristol / Wells / Coxley (Somerset) 

 69 km

Du fromage à Cheddar, des gorges et une invitation inattendue


Nous suivons la rivière Avon pour aller au centre de Bristol. La rive gauche est constituée de falaises au bas desquelles la route a été taillée. Nous passons sous un pont suspendu impressionnant, le Clifton Suspension Bridge, haut de 75 m et construit au milieu du XIXe siècle, avant d'arriver au centre de Bristol, ancien port de commerce où de vieux bateaux sont amarrés au bord des docks.

Pour éviter des côtes qui nous contraignent à pousser le vélo, nous décidons de prendre la grande route qui va vers l'aéroport. C'est moins fatiguant mais la circulation est intense et nous devons être très prudents. La route pourtant monte légèrement pendant près de 10 km. Aussi la moindre descente un peu plus loin est un bonheur.

A Cheddar, le village qui a donné son nom au célèbre fromage anglais, il reste une laiterie et nous suivons la fabrication, puis nous goûtons à une petite dizaine de cheddars différents. Le village s'étire le long de la rivière qui a formé une gorge où promeneurs et amateurs d'escalade sont nombreux. Nous repartons en remontant la route des gorges sur près de deux kilomètres.

Enfin une très belle descente jusqu'à Wells avec un panorama magnifique ! Wells est connue pour sa cathédrale et nous faisons une rencontre inattendue. Comme nous sommes à la recherche d'un hébergement, une cycliste nous propose spontanément de venir passer la nuit chez elle. Décidément les Anglais sont formidables ! Le drapeau français que j'ai cousu sur nos sacoches de guidon semble nous attirer la sympathie. La conversation passera de l'anglais au français sans arrêt, y compris avec son fils jusqu'à l'heure du coucher dans une ambiance très amicale.


Etape 20. Coxley (près de Wells) / Glastonbury / Tiverton (Devon) 

 80 km
Beaucoup plus de descentes que de montées, le bonheur !


Nous avons du mal à quitter Jenny tant nous bavardons et nous nous promettons de continuer à Strasbourg. A quelques kilomètres seulement, Glastonbury est une ville où la spiritualité est à l'honneur avec des boutiques ésotériques en tous genres. Depuis 10 000 ans semble-t-il, les hommes viennent au sommet du curieux monticule de 145 m de haut pour être en communion avec les dieux. La tour d'une église au sommet a résisté au temps et sert de repère à tous les environs.
Pour y monter, la pente atteint quand même par endroit 14 % que j'arrive à monter sans poser pied à terre. En début de matinée, je ne suis pas encore fatiguée et l'étape d'hier était facile. Après avoir cadenassé nos vélos, nous prenons le sentier pour escalader le monticule qui offre une vue à 360° sur la campagne. Au bas de la tour, un homme joue du tambourin en fermant les yeux enveloppé dans des odeurs d'encens tandis qu'un autre semble en méditation.
Le terrain plat est apprécié sur une vingtaine de kilomètres dans cette partie du Somerset, puis le paysage devient un peu plus vallonné mais avec des pourcentages de 5 à 7 % tout à fait supportables même pendant de longues côtes.

Etape 21. Tiverton / Launceston (Devon)  78 km, 1 400 m de dénivelé

sud-est de l'Angleterre

La campagne du Devon dans toute sa splendeur mais pas sans effort
Les premiers 20 km sont vallonnés et nous grimpons trois côtes de plus de 10 % avec une pointe à 14 %. Heureusement, le relief s'adoucit ensuite. Pour venir à bout des côtes, je m'accroche aux cornes de mon guidon et pédale tranquillement tandis que Philippe m'attend patiemment au sommet. Les maisons de brique ont complètement disparu, remplacées par des maisons peintes en blanc. La route jusqu'à Launceston offre régulièrement des panoramas étendus sur les collines verdoyantes du Devon, les bouquets d'arbres sous un ciel très bleu, une campagne de carte postale.

Les Anglais courent, pédalent ou marchent souvent pour récolter de l'argent en faveur d'une association. C'est tellement populaire ici que certains non sportifs s'étonnent que nous fassions le tour d'Angleterre seulement pour notre plaisir. En revanche, certains sont plus réservés sur cette technique de levée de fonds car une partie plus ou moins importante de l'argent sert à l'entretien du sportif.


Etape 22. Launceston / Tintagel / Newquay (Cornouailles) 84 km


Mille miles au compteur et un site à couper le souffle

Launceston (qui se prononce Lonstone) est construit sur deux collines très escarpées dont l'une est surmontée par les ruines d'un château moyenâgeux entouré de pelouse propice aux pique-niques. Le centre ville se concentre autour du château qu'il a bien fallu atteindre hier soir à la force des mollets et des biceps. Ce matin, il faut grimper sur l'autre colline dont la pente dépasse 10 % mais ensuite nous pédalons sur une route tranquille aux talus piquetés de boutons d'or, de digitales et d’œillets sauvages pendant des kilomètres.
Tintagel est connu grâce au Roi Arthur qui serait né ici et pour le château dont les ruines subsistent sur des falaises battues par la mer d'une beauté extraordinaire. Le site offre des points de vue grandioses sur la côte et les alentours sous un soleil éclatant. C'est un spectacle dont nous ne nous lassons pas. Les 6 £ que coûte l'accès au site ne sont pas exagérés car des aménagements sécurisés permettent de profiter au maximum de l’endroit. Le Roi Arthur n'a peut-être jamais existé et les ruines du château datent du XIIIe siècle "seulement". Le duc de Cornouailles l'a fait construire pour accroître son prestige et son pouvoir en faisant référence à la légende du Roi Arthur déjà bien établie à cette époque.


Jour de repos à Newquay (Cornouailles)


Une journée nécessaire pour reposer nos jambes


Newquay est bordée par une longue plage de sable fin que nous parcourons les pieds dans l'eau à marée basse pendant que des courageux s’initient au surf en combinaison vu la température de l’eau. Comme nous sommes en Cornouailles, nous mettons un point d'honneur à goûter une spécialité : le Cornish Cream Tea.





Le thé est servi avec deux sortes de brioches, des scones, que l'on agrémente d'une couche de crème très épaisse et de confiture. La Cornish Cream est une crème fraîche qui a été légèrement chauffée puis refroidie pour former une fine croûte. Elle doit être plus ferme que la plus épaisse de nos crèmes fraîches et seulement un peu plus molle que du beurre. A consommer avec modération, même pour des cyclistes.

 

Etape 23. Newquay (Cornouailles) / Gullworthy (près de Tavistok) (Devon) 

81 km  1 456 m de dénivelé

Des côtes pour faire des champions cyclistes ou pour faire de la marche, et le retour vers l'est du pays
Nous quittons Newquay, notre point le plus à l'ouest, et nous dirigeons maintenant à l'est vers Dover (Douvres en français) que nous atteindrons la semaine prochaine. Les routes sont assez fréquentées et nous avons bien étudié le parcours pour prendre un itinéraire tranquille. Nous traversons des espaces sauvages où poussent des genêts et quantités de marguerites. Des sapins couvrent certaines pentes.


A Bodmin, nous ne trouvons pas la petite route et nous engageons sur la  A 38, étroite, où la circulation est infernale. Après deux ou trois kilomètres, nous quittons cet enfer de circulation et nous prenons une petite route. Nous sommes prévenus qu'il y a une colline mais nous ne savons pas que la pente va jusqu'à 18 % en restant presque tout le temps entre 10 et 13 % pendant 1,5 km. Je pousse ou je tire alternativement mon vélo tout en profitant de la belle forêt et des fougères. Les coureurs britanniques peuvent venir s'entraîner ici car le revêtement est bon et la circulation quasiment inexistante. Pour tous ceux qui ambitionnent de conquérir un jour des sommets ou même le maillot à pois, l'endroit est à recommander. La condescendance envers les Anglais parce qu'ils n'ont ni les Alpes ni les Pyrénées n'est pas de mise. Il y aurait d'ailleurs 200 côtes à plus de 20 % en Grande-Bretagne.
Avant Liskeard, la petite route est presque aussi difficile, presque aussi longue mais empruntée par beaucoup de voitures. Je travaille encore plus avec les bras pour me tirer sur les sommets. La route est souvent en balcon et nous récompense en partie de nos efforts en nous offrant de beaux panoramas. Peu avant la fin de l’étape, nous quittons la Cornouailles en passant sur la rivière Tamar pour entrer à nouveau dans le Devon.
La conduite à gauche n'est pas encore automatique, ni pour l'un ni pour l'autre. A l'extrémité d'une piste cyclable tracée sur la partie droite de la route, nous continuons pendant une cinquantaine de mètres sur la droite et nous faisons vigoureusement rappeler à l'ordre par un conducteur.


Etape 24. Gullworthy (près de Tavistock) / Exeter / Christow (Devon) 84 km


Des retrouvailles chaleureuses mais encore des itinéraires à réserver pour l'entraînement des champions sans sacoches
Nous quittons notre petit "bed and breakfast" charmant où nous avons été chouchoutés par un couple un peu porté sur la bouteille mais chaleureux. En effet, le soir, loin du moindre village pour faire des achats ou aller au restaurant, le mari nous a confectionné de délicieux sandwiches qu'il nous a offerts et ensuite le couple est venu partager avec nous des fraises et des framboises accompagnées de "Cornish Cream".
Pour éviter les redoutables côtes du parc national du Dartmoor, nous remontons vers le nord et repassons à Okehampton, fermant ainsi la boucle que nous avons entamée il y a cinq jours pour visiter un peu la Cornouailles. La route pourtant n'est pas de tout repos mais offre de beaux paysages de campagne avec de grands troupeaux de vaches allant du blanc, au rouge, au noir profond et du tacheté brun au tacheté noir.

Exeter est construite sur une colline et s'enorgueillit d'une cathédrale à la vaste façade de pierre très claire entourée comme presque partout d'une grande pelouse, rendez-vous des flâneurs, des étudiants et des touristes.


Victoria nous a donné rendez-vous devant la cathédrale. Elle était passée à vélo avec son compagnon, Ben, à Strasbourg l'an dernier et nous avions promis de venir les voir si nous étions en Angleterre. Ils habitent un petit village perché haut dans le Dartmoor National Park et n'emprunte pas la route B 3193 ni la B 3212 pour ne pas être dans la circulation mais des petites routes pour s'entraîner trois ou quatre fois par semaine en vue d’un marathon. Il y a 16 km avec quatre sévères et longues pentes agrémentées de descentes dans des gravillons et du macadam en mauvais état. Je suis obligée de pousser mon vélo lamentablement à quatre reprises pour me hisser jusqu'à destination et arriver complètement épuisée, en me promettant de ne jamais plus aller jusqu'à Christow à vélo.




Heureusement le plaisir de nous retrouver pour la soirée dissipe la fatigue mais le lendemain pourtant notre organisme n’aura pas entièrement récupéré des efforts de cette fin de randonnée inoubliable.



Etape 25. Christow / Exeter / Newton-Poppelford (Devon) 54 km


Un très petit bac et une soirée bilingue
Notre itinéraire le plus facile depuis le village de Christow est de prendre, par une autre route que la veille, la direction d'Exeter où nous admirons à nouveau les abords de la cathédrale. Une reposante journée s'annonce car nous pédalons le long d’un canal dans l'estuaire de l'Exe, complètement plat et même marécageux, domaine des vaches, des oiseaux et des roseaux. 



Un petit bac permet de traverser le canal et de rejoindre le joli et tranquille village de Topsham, autrefois port de péage pour les marchandises vers Exeter. Le bac est une grosse barque métallique qui nous emmène nous et nos vélos mais le capitaine ne prend personne d'autre, jugeant que le bateau est assez chargé.
Après Budleigh Salterton, nous remontons le long de la rivière Otter pour arriver à Newton-Poppelford où nous sommes attendus par un couple de cyclistes. Colin, très francophile, tient à parler français, bien que ce soit encore très laborieux et même si Sally, sa femme, comprend à peine. Philippe tient à parler anglais pour s'améliorer et finalement nous nous entendons très bien en passant d'une langue à l'autre. Les dîners dans le jardin sont fréquents depuis quelques semaines puisque le temps est particulièrement ensoleillé, et à vrai dire carrément anormalement beau, au dire des Anglais eux-mêmes.


Etape 26. Newton-Poppelford (Devon) / Lyme Regis / Winterbourne Abbas (Dorset) 72 km


Lyme Régis, une belle station balnéaire, une route dangereuse et 2000 km à notre actif

Notre hôte, Colin, nous sert de guide pour les douze premiers kilomètres sur une route plus jolie, moins encombrée, généralement moins vallonnée mais plus longue que celle prévue. Comme il a un vélo à assistance électrique, il prend mes sacoches mais cela ne m'empêchera pas de pousser, encore et toujours, mon vélo sur la dernière pente annoncée à 20 %. Après, c'est un bonheur total de rester longtemps sur une crête en faux plat descendant pendant des kilomètres en donnant seulement quelques coups de pédale nonchalants.


Lyme Regis est une sympathique station balnéaire sur la côte sud de l'Angleterre. Cette partie de la côte appelée "côte jurassique" est constituée de falaises de différentes ères géologiques où l’on y trouve quantités de fossiles. La rue vers la plage est une descente vertigineuse qui tétanise les doigts sur les freins. La région va engager des travaux importants car le rivage recule ici et près de 500 maisons sont menacées de disparaître à plus ou moins long terme.
La A 35 jusqu'à Bridport est la pire route que nous ayons vue et nous essayons de la quitter le plus tôt possible. Étroite, avec une circulation intense de voitures et de camions dans les deux sens, sans bas-côtés pour se rabattre, c’est un cauchemar pour cyclistes et peut-être aussi pour les chauffeurs de camions. Heureusement, après Bridport, des petites routes calmes sillonnent la campagne. Les maisons à toit de chaume sont nombreuses.
Mon compteur affiche ce soir 2 001 km, sans les kilomètres marchés à pousser ma monture car pendant ces marches forcées, le compteur se met au repos, lui ! Du repos, nous en avons besoin car le relief reste encore par endroits assez vallonné.


Etape. 27. Winterbourne Abbas (Dorset) / Bournemouth (Dorset)

 62 km




 Presque une journée de repos grâce à des pentes de plus en plus douces, une


 sympathique rencontre sur un bac et une promenade sur la plage



C'est maintenant une tradition pour nous. Nous débutons la journée par un petit déjeuner anglais avec jus de fruit, céréales, œufs, tomates et champignons cuits, toasts, etc. Nous n'avons pas adopté les saucisses ni les haricots blancs à la sauce tomate, ni même le thé. Ce petit déjeuner consistant, notre carburant, nous permet d'être assez flexibles sur l'heure du déjeuner. Aujourd'hui nous découvrons non sans surprise à côté de l’œuf, le toast frit, bien gras, que nous n'arrivons pas à avaler.
Nous reprenons la route dont le relief s'adoucit peu à peu : les pentes sont moins longues et moins raides pour notre plus grand bonheur. A Corfe Castle, les ruines impressionnantes du château qui se découpent dans le ciel bleu font notre admiration. Le château a donné son nom au village aux maisons de pierre coiffées de dalles de pierre gris foncé.
La côte près de Bournemouth forme un golfe que nous franchissons grâce à un grand bac. Un couple de cyclistes nous aborde et nous avons le temps de sympathiser avant de mettre pied à terre, si bien que nous finissons à une terrasse pour ne pas nous quitter si vite. Si nous n'avions pas déjà réservé dans un hôtel, nous aurions eu une chambre gratuite chez l'habitant.
Bournemouth et Poole forment une même agglomération où, paraît-il, nombre de riches footballeurs ont élu domicile. C'est un peu la Riviera ici grâce à un climat exceptionnellement ensoleillé où poussent des palmiers, à une très belle plage, à un golfe où s'abritent des centaines de bateaux de plaisance.
 
Bournemouth s'étage sur des collines et un grand parc relie l'élégante promenade le long de la mer au centre ville. Ce soir, il est vibrant d'activité car un festival de cuisine se déroule. On peut choisir des plats de différents pays à des stands et les déguster à des tables dressées en plein air.










Etape 28. Bournemouth / Netley (Hampshire) 69 km

 Enfin du terrain plat, le parc national de New Forest et le meilleur café d'Angleterre 
 


Bournemouth étend de majestueux hôtels et résidences le long de la "promenade" du bord de mer, idéale pour la promenade des vacanciers et des cyclistes empressés de quitter la route pour admirer la mer. La longue et large jetée est pourvue de restaurants, de divertissements divers.
Le relief est maintenant plat et nous apprécions pleinement ce pédalage facile. Pendant des kilomètres, nous contemplons les vagues qui viennent mourir sur les plages de galets, encore très peu fréquentées malgré un soleil éclatant.
Le parc national de New Forest se situe à l'ouest de Southampton. On y trouve de la forêt mais surtout de la lande, des chevaux, des poneys et des vaches en liberté qui peuvent traverser les routes. Nous nous approchons pour faire une photo mais un poney, très amical, se frotte tellement à Philippe que je suis obligée de l’écarter en le caressant. Un cheval vient alors se joindre à nous et me pousse doucement dans le dos, semblant me dire que lui aussi il apprécie une caresse.
Ce soir, près de Southampton, dîner végétarien, comme souvent chez nos hôtes cyclistes. En Angleterre, environ 10 % de la population ne mangent plus de viande et sur beaucoup d'emballages, on peut voir un V en vert signalant que le produit est végétarien. Dans la majorité des restaurants, un ou plusieurs plats végétariens sont proposés. Dan, végétarien depuis 30 ans, a vécu à Cannes et travaille pour l'équipement de yachts. Il prépare un merveilleux café. Méraid, journaliste, écrit des articles sur les voyages. La soirée est donc parfaite.

Etape 29. Netley / Brighton-Hove (East Sussex) 118 km


 Passage de trois bacs en bord de mer, une étape en terrain plat mais qui met les



nerfs de Philippe à rude épreuve



Dan et Meraid nous guident dans des ruelles, des chemins bitumés ou non, des routes de campagne, souvent sur la piste cyclable n° 2 pendant une vingtaine de kilomètres. Au moment où je me plains des ralentisseurs trop raides, Meraid tombe sur un ralentisseur. Heureusement, elle s'en sort avec quelques égratignures. Décidément, il y a encore beaucoup à faire pour la sécurité des cyclistes.
Rapidement, nous passons le premier bac, peint tout en rose, à Hamble le Rice puis traversons la localité de Gosport et nos hôtes d'un soir nous laissent au pied du deuxième bac qui nous emmène à Portsmouth. Ensuite, nous faisons du saute-mouton de Southsea à South Hayling sur le troisième bac.
Nous avons l’ambition de suivre l’itinéraire cyclable n° 2 qui va jusqu'à Douvres et qui ne devrait pas nous emmener loin de la côte. Malheureusement, cette piste va de gauche, va de droite, passe sur un trottoir, puis sur une autre, fait des zigzags incompréhensibles, nous laissant perplexes à de multiples intersections. Après 80 km, la fatigue se fait sentir et nous bouillonnons contre les itinéraires Sustrans qui sillonnent le Royaume-Uni parfois sur des chemins caillouteux et des pentes à dégoûter les cyclistes les plus courageux. Les itinéraires ont la particularité d’être pleins de surprises : on peut commencer par une large et belle piste bitumée qui inspire confiance, puis rouler sur une surface non revêtue qui ralentit l’allure, puis encore voir la largeur se réduire à quelques centimètres de terre battue où les jambes sont occasionnellement caressées par les orties. Des tronçons peuvent être carrément impraticables les pieds sur les pédales car des pourcentages de 20 % ne sont pas à la portée de tous.

Etape 30. Brighton-Hove / Hastings (East Sussex) 68 km



 L'inoubliable itinéraire n° 2 de Sustrans et l'inoubliable William of Normandy, dit 



Guillaume de Normandie




La promenade en bord de mer à Brighton est presque uniquement pour nous vers neuf heures. Quelques très rares cabines de plage sont déjà ouvertes et leurs propriétaires s'installent tranquillement pour des heures de lecture, de bronzage ou de jeux avec les enfants. Après Brighton, la côte est à nouveau "côtelée" à cause des célèbres falaises qui festonnent le bord de mer et offrent de beaux points de vue sur la campagne et les villes.
Nous pratiquons beaucoup les trottoirs, expressément autorisés aux cyclistes ou non, tant pour notre sécurité que pour la sérénité des automobilistes. Cela ne nous a jamais valu la moindre remarque ou regard désobligeant. Aux environs des villes, les bandes bitumées le long de bas-côtés sont fréquentes et nous y avons pédalé sans doute sur quelques centaines de kilomètres. Les bordures de trottoirs, les bateaux, sont d’ailleurs d’excellence qualité en Angleterre pour assurer la mobilité des personnes handicapées, très nombreuses, en fauteuil électrique. En ville, les trottoirs ne sont jamais des crottoirs pour les chiens. Jeunes et vieux, riches ou moins riches, les propriétaires de chiens ramassent consciencieusement les déjections.
Quand nous trouvons la piste n° 2 qui longe notre itinéraire, nous l'empruntons pour éviter la route et donc les voitures, ce qui nous donne l'occasion, entre Brighton et Eastbourne, de prendre le pire chemin que nous ayons vu. La pente est raide, qu'importe nous sommes maintenant entraînés ! Ce n'est plus bitumé, qu'importe nos pneus sont neufs et relativement adaptés ! Mais petit à petit, ce n'est plus que trous, cailloux, ornières, bancs de sable, gravillons qui nous font vaciller sur nos vélos chargés auxquels nous imposons des zigzags pour éviter les plus gros pièges. Ensuite la descente se fait à 6 et 7 km/h tellement la piste est mauvaise. Enfin, le bitume revient mais nous impose une descente très raide dans Newhaven sur un trottoir heureusement terminé par une chicane, afin de ne pas avoir la témérité de descendre droit dans le port. Par temps de pluie et en sens inverse il n'est pas envisageable de faire cet itinéraire les fesses sur la selle tellement la côte est forte. Notre colère contre les itinéraires Sustrans monte d'un cran.
Pevensey était un port lorsque Guillaume le Conquérant, appelé William of Normandy, a débarqué près d’ici en 1066, à un endroit appelé Norman’s Bay (la baie du Normand). Pevensey est maintenant à un mile de la côte. Guillaume s'est tout de suite installé dans la grande enceinte en pierre du camp romain et quelques jours plus tard est allé livrer bataille aux environs d’Hastings. Il a ensuite fait construire un château, maintenant en ruines, que l’on peut visiter avec audio-guide (seulement en anglais) permettant de réviser cet important épisode qui a changé l'histoire de l’Angleterre.

Etape 31 Hastings / Dover (Kent) 75 km


Une certaine impatience de rejoindre Douvres




Nos vélos n’ont pas dormi cette nuit dans une salle à manger, dans un couloir, dans un garage ou dehors. En face de notre hôtel, le parking pour autos compte sept boxes tout bleu pour garer individuellement et gratuitement des vélos.
Nous quittons aussi la côte toute bleue car la route escalade les collines. L’itinéraire n° 2, toujours lui, nous conduit en direction de Fairlight sur une petite route bordée de maisons aux jardins soignés mais au dénivelé qui ne nous enchante pas. Nous pensons qu’après cette côte qui atteint 18 %, nous en aurons fini. Malheureusement, au sommet, nous nous apercevons que la route redescend et remonte autant plus loin. Nous faisons demi-tour et prenons la route relativement plus fréquentée mais cependant sportive.
Un grand camp militaire est installé le long de la côte que nous ne voyons plus derrière une digue et près d’éoliennes qui tournent leurs ailes bien moins vite que nos jambes. Des maisons et des prés sont assoupis dans des terres très basses où poussent des roseaux.
A partir de St-Mary, une haute promenade de béton longe la plage pendant des kilomètres, puis la plage disparaît sous un enrochement artificiel qui sert de brise-lame. C’est une formidable piste pour cyclistes que nous parcourons jusqu’à Folkestone. La direction du tunnel sous la Manche est indiquée en anglais, français et allemand.
Le temps hésite maintenant entre soleil et pluie et nous voyons de loin se dresser le fier château de Douvres. Mon compteur après une longue descente affiche 2 396 km.

Demain, dans la zone portuaire du ferry et encore en Angleterre, nous reprendrons automatiquement la conduite à droite. Nous laisserons, comme à l’aller, nos chers vélos en compagnie des gros camions en fond de cale pendant que nous profiterons du confort douillets des fauteuils en regardant s’éloigner les blanches falaises de la côte anglaise.