dimanche 10 mars 2019

Sur les routes de CUBA


A l’aéroport de La Havane, nous sommes accueillis par la chaleur des tropiques et les Cubaines déambulant très court vêtues. Un rapide tour de ville en bus nous fait découvrir le Malecon, le grand boulevard qui longe la mer, et qui fait face au fort espagnol tout blanc qui défendait l’entrée de la baie de La Havane. Il est avec la vieille ville de La Havane inscrit au patrimoine de l’humanité depuis 1978.


Parcourir la vieille ville est source d’enchantement et réserve bien des surprises. Les immeubles forment un ensemble unique avec leurs styles variés, espagnol, baroque, néoclassique, art nouveau et même mauresque, leurs balcons aux balustrades en fer forgé, ou en colonnes de pierre. Près de la cathédrale particulièrement, une rénovation plus que nécessaire a été entreprise En revanche, à quelques pas de là, la décrépitude des immeubles nous sidère. Le manque d’entretien dû aux pénuries d’argent et de matériaux, l’humidité et le temps ont causé des dommages énormes. Pourtant, nous pouvons admirer encore de très nombreux bacons aux ferronneries élégantes. La peinture n’est plus qu’un souvenir à ce stade de délabrement. Certains immeubles sont même écroulés. D’autres tiennent debout on se demande comment. 
 
La Havane
Autour de la cathédrale, des femmes, jeunes ou âgées, habillées de satin éclatant aux couleurs chatoyantes et de dentelles immaculées, se promènent pour aguicher gentiment les messieurs et se faire photographier en leur claquant une bise colorée sur la joue. Les messieurs s’en tirent avec 1 cuc, soit environ 1 €. Les petits orchestres sont nombreux aux coins des rues et attendent rétribution pour leur prestation dans une ambiance bon enfant. Les touristes sollicités mettent la main à la poche et les Cubains mettent ainsi du beurre dans les épinards ! Un orchestre nous donne l’occasion d’esquisser quelques pas de salsa, cette danse sensuelle, menée par un couple de jeunes Cubains qui maîtrisent le sujet et entraîne le public à les suivre. Quelques jours plus tard, nous nous initierons davantage à cette danse en prenant un cours d’une heure dispensée par une Cubaine joviale aux formes généreuses. Cela ne fera pas encore de nous des spécialistes.

Nous mangerons fréquemment au cours du séjour dans des « paladares », des restaurants tenus par une famille dans sa propre maison. Depuis quelques années, il est autorisé de tenir un tel établissement installé quelquefois dans une demeure prestigieuse ou bien une très modeste maison. Nous y dégusterons une cuisine délicieuse. Le riz servi ici midi et soir est le plus souvent mêlé à des haricots rouges qui donnent une teinte brune au riz. Nous nous gorgerons d’ananas, de papayes, de goyaves, de bananes et le jus de canne à sucre fera des adeptes irréductibles dans notre groupe, surtout si on y ajoute du rhum, une des spécialités du pays.

Santa Clara, à environ 270 km au sud-est de La Havane, est un lieu de pèlerinage pour les Cubains. Fidel Castro a fait construire un mausolée avec une statue géante de Che Guevara, l’arme à la main dans une posture déterminée et volontaire. Ce révolutionnaire a marqué son époque et l’histoire du pays. La dépouille de Che Guevara a été ramenée de Bolivie en 1997 alors qu’il est mort en 1967. « Hasta la Victoria Siempre » (jusqu’à la victoire pour toujours). Le slogan est gravé sur le monument mais il est inscrit un peu partout à Cuba.

En route vers Sancti Spiritus, les charrettes tirées par de vaillants petits chevaux sont bien plus nombreuses que les voitures. Les véhicules à moteur qui nous doublent sont hors d’âge. Les Cubains les plus favorisés se déplacent en scooter électrique ou en motocyclette. Pour les déplacements plus lointains, on fait du stop ou on monte dans la benne d’un camion pour voyager debout ou encore dans un des bus brinquebalants qui nous enfument de leurs gaz d’échappement. Des vaches malingres broutent dans les prés ; elles sont de couleurs très variées et souvent croisées avec des zébus. De temps à autre, les prés sont parsemés de rochers qui semblent émerger de l’herbe comme des rochers de la mer. 
 
A Zulueta, un petit un monument a été érigé en l’honneur du football avec un ballon d’environ 70 cm de diamètre. Dans cette ville, le foot a toujours été le sport préféré alors que dans le reste de Cuba, le base-ball a la faveur mais de nos jours, le foot gagne en popularité.

Sancti Spiritus, sur la côte sud, est ravissante avec des rues en pente jusqu’au fleuve Yayabo enjambé par un vieux pont de brique. Des bâtiments du XVII et XVIIIe sont décorés de stucs baroques peints en blanc qui tranchent sur les couleurs vives ou tendres des murs. Les champs, les prés, les plantations de canne à sucre se succèdent. Un vautour peu farouche, tête rouge chauve et bec aquilin, perché sur une clôture nous regarde sans broncher. C’est un urubu à tête rouge. Ces petits vautours planent un peu partout dans le ciel, même à La Havane.
Sancti Spiritus
Entre Sancti Spiritus et Trinidad, nous parcourons la vallée de Los ingenios. Les ingenios étaient les sucreries qui fonctionnaient au XIXe siècle. Un riche planteur de canne à sucre a fait ériger à Manaca Iznaga une tour de 45 m pour surveiller ses plantations et ses esclaves. De nos jours, les commerçantes, attirées par la clientèle potentielle des touristes, proposent des nappes et des chemins de table brodés, des corsages, des robes mais aussi des colliers faits de graines vendus par cinq, des sacs en tissu ou en cuir, des panamas. De très grands palmiers, de 20 à 25 m de haut, aux troncs blanchâtres ponctuent la campagne.

Trinidad
Le centre ville de Trinidad est coloré comme dans beaucoup de villes cubaines mais surtout les rues sont pavées de gros galets inégaux. La marche est périlleuse sans de bonnes sandales ou des chaussures. La vue d’en haut d’une tour vaut l’effort. La ville s’étale dans un kaléidoscope de couleurs. Le jaune, le rouge, le bleu dominent, talonnés par le vert et le brun. De nombreuses citernes posées sur les toits sont en bleu roi, d’autres en blanc ou en jaune. Beaucoup de terrasses sont aménagées sur les toits avec des chaises, des tables et de bancs en métal peint en blanc. C’est un fouillis charmant. Au loin, la mer des Caraïbes brille comme de l’argent. Nous ne ratons pas l’occasion de manger ici de la langouste, grillée au barbecue. Le soir, les orchestres sont partout et en haut des escaliers donnant sur la place principale, on danse au rythme de la salsa.

En direction de Cienfuegos, à l’ouest de Trinidad, les premières charrettes tirées par deux bœufs apparaissent. Les vieux tracteurs poussifs ne sont guère nombreux. A Giron, un petit musée conserve le souvenir de la bataille qui s’y est déroulée et que les Occidentaux appellent le débarquement de la Baie des Cochons. Les contre-révolutionnaires cubains, financés et entraînés par les Américains, ont tenté d’envahir Cuba et de renverser le gouvernement de Fidel Castro en 1961. La tentative échoua au prix de nombreuses victimes. La région est très agricole et c'est actuellement la récolte du riz qui est étendu sur la moitié de la chaussée pour le séchage. 
un panneau comme on en voit souvent à Cuba
Toujours plus à l’ouest, à San Diego de los Baños, petite bourgade située au pied de la Sierra Rosario, le terrain est plus accidenté. Nous entrons dans le Parque Nacional La Güira dans la Sierra de Organos. 
Parc de la Güira

La végétation est exubérante. Des montagnes ressemblant à des pains de sucre sont couvertes de végétation. Des falaises grises sont parsemées de plantes et d’arbres qui s’obstinent à vivre haut perché accrochés aux pentes. La grotte de Portales est historique car Che Guevara y a séjourné avec une quarantaine de personnes. Après le débarquement de la Baie des Cochons, Fidel Castro a dispersé ses principaux lieutenants dans plusieurs endroits de l'île pour éviter que tous soient éventuellement tués en même temps. Dans les alentours, le Che entraînait ses troupes d’environ trois cents personnes pour exporter la révolution dans différents pays d’Amérique Latine et d’Afrique.

Presque à l’extrémité ouest de Cuba, la région de Viñales est réputée pour ses mogotes. Ce sont de montagnes isolées les unes des autres aux pentes abruptes en pain de sucre avec le sommet souvent plat. Des chevaux trottent sur le côté herbeux de la chaussée montés par des hommes à chapeau de cow-boy, lasso et à bottes en caoutchouc. Sur une falaise, une fresque monumentale aux couleurs vives a été commandée par Fidel Castro en 1961. Ce « mural de la préhistoire » mesure 120 m de haut et 180 m de long et représente un escargot, des dinosaures et des hommes
 
Région de Viñales
A vélo, nous pouvons certifier que l’île de Cuba n’est pas plate. Le relief, sans être extrême, oblige à donner de sérieux coups de pédales. Une belle côte dans la région de Viñales est même appelée familièrement « le fatigué ». C’est dire ! Les routes ne sont pas toujours en bon état ; certaines sont des gruyères, d’autres sont pleines de petites bosses où l’on apprécie la suspension des vélos et les gants pour amortir les chocs. Pour aller rendre visite à un planteur de tabac, nous empruntons après la pluie une piste avec des raidillons, boueux et rocailleux, offrant la possibilité aux meilleurs de grimper allègrement, aux moins expérimentés de se transformer en piétons mais à tous de revenir avec les pieds crottés. Dans sa ferme, le planteur de tabac nous initie à la fabrication d’un cigare artisanal. Nous sommes invités ensuite à fumer. Comme la fumée ne doit pas être avalée mais être gardée dans la bouche, pas de quintes de toux intempestives !
Nos vélos font l’objet de soins attentifs. Au moindre ennui technique, Frank, notre jeune mécanicien, est là pour réparer crevaisons et rayons cassés. Après la piste boueuse qui a laissé nos montures dans un piteux état, c’est encore lui, avec l’aide de notre guide, qui se charge de les laver avant de les ranger dans la soute du bus.

A l’intérieur de la réserve de la biosphère de la Sierra del Rosario désignée par l’UNESCO, les Terrazas sont un complexe touristique favorisant le développement durable pour faire vivre la population locale. A quelques kilomètres, à San Juan de los Baños la rivière saute de rochers en rochers en formant des petites cascades ; à d’autres endroits, l’eau fraîche et claire se calme dans des cuvettes au milieu de la végétation abondante. Polo Montañez, auteur compositeur de chansons et idole des Cubains, a vécu dans une petite maison au bord du lac. Une raison de plus pour apprécier la musique cubaine et repartir avec un disque.
Vinales
De retour à La Havane, nous dormons dans le quartier Vedado, le quartier résidentiel. Des palais rénovés récemment côtoient des palais très délabrés. Il n’est pas certain que toutes ces demeures prestigieuses abandonnées depuis des décennies puissent être réhabilitées tellement leur état est proche de la ruine. Si un jour tout est rénové, La Havane sera une des plus belles villes du monde. Le cimetière est à ne pas manquer. Le portail d’entrée est monumental, d’une bonne dizaine de mètres de haut surmonté d’un calvaire. L’allée centrale est bordée de monuments funéraires gigantesques en marbre de Carrare. Certaines familles ont acheté des concessions qui font plus de 50 m2. Le bronze rajoute à la splendeur des angelots et des croix. Dans un registre plus gai, nous ne résistons pas à l’attrait d’une balade en voiture américaine décapotable rose bonbon des années cinquante.

Pour cette dernière journée, nous nous offrons encore une piña colada, un cocktail qui a remporté un très grand succès au cours de notre voyage, laissant loin derrière dans le classement le mojito ou le "Cuba libre". C'est déjà la fin de notre périple qui nous a fait découvrir un pays et une histoire. Nous repartons en bus à l'aéroport avec un petit pincement au cœur. Ce voyage restera un très bon souvenir grâce aussi à notre guide, enfant du pays, à l’accompagnatrice de la FFCT, compétente, souriante et bienveillante et à un groupe de cyclos dont la cohésion fut spontanée.

Strasbourg / Donaueschingen / Schaffouse / Strsbourg



Samedi 7 juillet 2018     Strasbourg / Offenburg (D) / Donaueschingen / Pfohren

VELO – TRAIN – VELO     (38 km)

Nous démarrons avant 9 heures. Deux arrêts pour des photos sont prévus à Strasbourg avant la frontière :
·         au totem de la place de la Bourse et au pont du Danube, qui n’enjambe pas le Danube mais un canal.
Nous n’allons pas suivre le cours du Danube mais seulement voir sa source à Donaueschingen. Qu’importe !
Après une bonne trentaine de kilomètres de pédalage jusqu’à Offenbourg en Allemagne, nous prenons le train pour éviter les difficultés de la Forêt-Noire et aussi faute de temps. Près de dix autres cyclistes sont sur le quai de la gare et rentrer tous ces vélos n’est pas très aisé ; en France, cela aurait été impossible. 

A Donaueschingen, le bassin de la source du Danube au milieu de la ville est enfin rénové. Nous y sommes déjà venus en 2015 et 2016 sans rien voir. En 2017, des cyclistes de passage à Strasbourg nous avaient informés que le bassin était toujours en rénovation. Le pourtour du bassin est maintenant tout neuf avec des statues, l’inscription de l’altitude et de la longueur du Danube. Le bassin de moins de dix mètres de diamètre laisse sourdre quelques bulles et un déversoir en forme de coquillage emporte l’eau loin, on ne sait où exactement, et qui apparaîtra dans la campagne. Pour la troisième fois, nous nous photographions devant la fontaine aux cigognes de Pfohren, non loin du clocher de l’église coiffé d’un nid d’où émergent trois cigogneaux.
Source du Danube


Dimanche  8 juillet   Pfohren (D) / Schaffhausen (CH)

A SAUTE-FRONTIERES   (40 km   Dénivelé 315 m)

Les uns et les autres, nous avons étrenné la nuit dernière nos nouveaux matelas très légers qui se gonflent soit à la bouche, soit directement au pied, sans gonfleur lourd, encombrant et bruyant. Cyliane et Nelle les apprécient beaucoup car elles dormaient les années précédentes sur des tapis de sol. Elles ont aussi de nouveaux sacs de couchage et utilisent nos beaux et bons vélos Winora de taille adulte, presque neufs. Nous photographions avant son départ une famille à côté de nous, des Suisses avec trois enfants, l’aîné huit ans à peine, six ans et quatre ans. Les parents utilisent des vélos spéciaux où les enfants sont couchés devant. Le fils  pédale sur un vélo de son âge, un peu en alternance avec sa plus grande sœur qui alors prend sa place. En trois semaines, ils ont parcouru plus de 1 000 kilomètres y compris dans les Grisons ! Je suis pleine d’admiration, surtout qu’ils ont commencé à emmener les trois enfants quand la petite avait dix-huit mois seulement.

Avant Furstenberg, renommée ici pour sa bière, une côte sévère est à gravir. Nelle pose le pied une fois pour une petite minute et nous arrivons, dégoulinantes de sueur, au sommet où nous attendent déjà Philippe et Cyliane. Les petits développements de nos vélos Winora sont appréciés. Un tronçon de route forestière un peu caillouteux nous mène vers Zollhaus qui n’est pas encore tout à fait à la frontière suisse.

Un autre tronçon dans la forêt, bien raide et extrêmement caillouteux, nous force à mettre pied à terre et à marcher mais après, des kilomètres de belle route en descente très raide aussi nous attendent avec un paysage ravissant. Nous aurions bien peiné si nous avions pédalé dans l’autre sens, c’est-à-dire de Schaffhausen à Donaueschingen. C’est le genre de route qu’il vaut mieux descendre que monter tant la pente est raide. Allemagne / Suisse / Allemagne. Nous sautons de frontière en frontière et avant de repasser en Suisse, à quelques mètres du panneau, nous nous arrêtons dans un restaurant - c’est l’heure - pour profiter encore des prix allemands. Les portions sont énormes… à l’allemande.

Un peu plus loin, en Suisse à Merishausen un très beau clocher attire notre attention, ce qui justifie de s’arrêter en descente. A Schaffhausen, le Rhin est vert émeraude, limpide et une baignade est aménagée dans la ville même. Nous décidons cependant d’aller tout de suite au camping pour nous installer, revenir nous baigner et visiter la ville qui semble bien jolie avec son château en hauteur.

Le camping au bord du Rhin offre une baignade gratuite et des jeux si bien que Cyliane et Nelle n’ont plus du tout envie de repartir. Il fait si beau !


Lundi 9 juillet   Schaffhausen (CH) /  Waldhust (D

LES CHUTES DU RHIN  (64 + 4 km  D 516 m))




A Schaffhausen (Schaffhouse en français), l’attraction, ce sont les chutes du Rhin ! Depuis le passage pour piétons sur le pont de chemin de fer en amont des chutes, l’énorme masse d’eau se précipite sur un rocher au milieu du fleuve à notre gauche. Les vues des chutes au plus près sont payantes mais les aménagements réalisés pour les voir en valent la peine. Un ascenseur descend les touristes à quelques mètres des eaux rugissantes et bondissantes. Divers endroits permettent d’en apprécier davantage la force impressionnante.

Nous empruntons la véloroute 6. Les villages aux maisons à colombages rouges se succèdent. De temps à autre, des maisons se distinguent par des volets soigneusement peints de motifs fleuris. Puis nous roulons sur la véloroute 15. A Flaach, nous arrivons in extremis à la boulangerie qui ferme à 12 h 15 pour acheter à prix d’or des salades, des jus de fruits, du fromage. Nous avons eu chaud au propre comme au figuré ! Autrement nous n’aurions rien eu à nous mettre sous la dent.

De Flaach à Berg-am-Irchel, une redoutable côte est franchie non sans sueur ni effort. De temps en temps, nous apercevons le Rhin, vert et majestueux. Les tronçons bitumés et caillouteux alternent. Nous posons pied à plusieurs reprises surtout dans les cailloux et Nelle déraille même au bas d’une côte. Heureusement, je remets la chaîne sans la toucher en manoeuvrant les manettes de dérailleur et en tournant les pédales. L’étape est difficile car les côtes petites ou longues, bitumées, sur les graviers ou même les cailloux sont nombreuses. Vive les bons dérailleurs ! Nelle semble aiguillonnée aujourd’hui par le défi de réussir.

Le village de Koblenz en Suisse est relié à Waldshut en Allemagne par un grand pont où nous ne nous arrêtons même pas pour la photo. Tous, nous sommes fatigués et très heureux que le camping soit à moins d’un kilomètre. Pendant que Philippe monte les tentes, les filles et moi allons à Waldshut pour nous ravitailler et manger une glace. Le chemin borde le Rhin puis la montée jusqu’à la ville elle-même nous force, Nelle et moi, à mettre pied à terre tant la pente est forte. Quelle récompense en dégustant deux boules de glace ! Nous nous hâtons de faire des achats mais nous n’arrivons pas à trouve une « Radler » (panaché au citron) pour l’homme attentionné qui a monté les deux tentes en notre absence ! Nous le payons en grosses bises.


Mardi 10 juillet    Waldshut (D) / Möhlin (CH)

LE PLUS LONG PONT COUVERT  (47 km   D 175 m)


Pour les filles, la fatigue est à peu près partie grâce aux massages d’hier soir et une nuit de sommeil. La véloroute 15 (d’Andermatt à Rotterdam) longe par un chemin gravillonné le bord du Rhin. Une petite ville est accrochée à la pente jusqu’au bord du fleuve. Des tours et des églises offrent un décor superbe sous un ciel voilé (peut-être Leibstadt avant Laufenburg). Le relief s’est adouci et les côtes sont donc beaucoup moins nombreuses et moins raides.

Bad Säckingen, côté allemand, nous surprend par un pont couvert qui enjambe le Rhin majestueux. C’est le plus long pont couvert d’Europe. Ce pont en bois est réservé aux piétons et aux cyclistes et nous l’empruntons en suivant les panneaux pour nous retrouver en Suisse. Demi-tour ! Nous ne voulons pas aller en Suisse ! Nous avons seulement raté l’indication pour la rive droite, côté allemand, bien tranquille à côté des cultures alors que la rive sud est très urbanisée.
dans le pont couvert de Bad Säckingen

A Schwörstadt, Philippe a prévu le camping qui finalement n’en est pas un puisqu’il s’agit d’une association de canoë qui apparemment réserve ses emplacements à ses membres. Quelques mètres plus loin un banc au bord du Rhin nous attend pour manger nos maigres provisions car nous n’avons vu aucun magasin, sauf dans des villes que nous avons jugées un peu éloignées de l’heure du repas. Heureusement, nous bavardons avec un groupe de femmes de Saint-Louis qui nous indique des supermarchés à la sortie du village. Nous chargeons au maximum notre petit sac à dos, remplissons le vide des sacoches de guidon et dégustons des glaces à un prix allemand imbattable. Nous n’aurons pas à faire de courses en Suisse où nous sommes obligés d’aller pour trouver un camping à Möhlin de l’autre côté du Rhin. Nous traversons par le barrage au fil de l’eau autorisé aux cyclistes et aux piétons et nous atteignons en quelques coups de pédale le camping.

Nelle part avec son Papi à la piscine d’à côté avec toboggan, presque déserte car il fait gris tandis que Cyliane lit et regarde un film sur la tablette. L’importante lessive est du domaine de Mamie qui se démène avec le lave-linge et le sèche-linge industriels. A l’aide ! Pourquoi n’y a-t-il pas de mode d’emploi ? Pourquoi ne peut-on acheter une dose de lessive à la réception ? Le linge sera plus ou moins lavé …..  à l’eau claire seulement. Plus tard dans la soirée, un couple m’appelle au secours pour faire démarrer le lave-linge ! Décidément !

Mercredi  11 juillet    Möhlin (CH) / Neuenburg (D)  

ON SE PERD DANS LES ENVIRONS DE BALE  (57 km)

Rheinfelden

Nous décidons de suivre la rive droite du Rhin et de ne pas rentrer dans Bâle car nous n’aurons pas le temps de visiter. Rheinfelden, charmante localité, a un pied en Suisse l’autre en Allemagne. Nous pédalons sous le soleil dans la campagne riante mais à l’arrivée dans les environs de la métropole de Bâle, les choses se gâtent. Nous ratons vraisemblablement un panneau et nous nous retrouvons trop au nord dans une ville périphérique que nous avons du mal à identifier. Comme nous n’avons qu’une photocopie de carte très restreinte ne nous permettant pas de nous orienter, j’ai recours à la carte d’un arrêt de bus pour comprendre que nous sommes hors de notre pauvre petite carte. Plus ou moins à l’aveuglette, nous rejoignons le Rhin mais les vues intéressantes sur Bâle sont déjà passées. Le long de la véloroute 15, nous traversons des zones industrielles qui me paraissent interminables.

La consolation, après les énervements de s’être égarés, est d’avoir fait des courses autant que nous avons voulu. Nous déjeunons dans un parc sur une table avec des petites carottes, de grands cornichons frais (une nouveauté, certains affirment que ce sont de petits concombres, d’autres de grands cornichons), du fromage, du pain, des myrtilles. Sur le paquet, il est écrit « myrtilles » mais en réalité, ce sont des bleuets à chair blanche à l’inverse des myrtilles qui ont la chair bleue.

Quand nous retrouvons la campagne, nous apercevons le Rhin, privé de toute l’eau qui alimente le canal d’Alsace où circulent les péniches. Le bruit de l’autoroute toute proche, la végétation sans grand intérêt, le relief plat et les gravillons font de ce tronçon un itinéraire bien morne. Nelle est cependant ravie d’avoir entrevu un chevreuil pour la première fois de sa vie et un lapin. Cyliane est contente d’acheter devant une ferme des tomates et des quetsches à environ un kilomètre du camping. Le bilan carbone des légumes et des fruits est excellent ! Le camping a pour atout une piscine intérieure disposant de transats et ouverte largement sur l’extérieur par de grandes vitres.

Nous n’avons toujours pas trouvé de gaz. Nous invitons un jeune couple de Néerlandais pour troquer de l’eau chaude contre café et chocolat pendant que nous faisons connaissance.


Jeudi  12 juillet   Neuenburg (D) / Holtzwihr (F)   

LE DERNIER SAUTE-FRONTIERE   (57 km)

Le centre ville de Neuenburg est agrémenté de deux fontaines. L’une illustre « La Nef des Fous » de Sébastien Brant, bien connu à Strasbourg puisqu’une place importante de la ville porte le nom de cet écrivain du Moyen-Age. La nef est occupée par des  personnages dont la tête est remplacée par exemple par la pince d’un crabe ou par une oreille. Tout y est délirant.

La véloroute 15 est moins ennuyeuse qu’hier à partir de Neuenburg jusqu’à Breisach-am-Rhein. Nous longeons souvent le Rhin sur la piste non revêtue et le vacarme de l’autoroute est maintenant pratiquement inaudible grâce à la distance. Nous nous accordons presque deux heures d’arrêt pour déjeuner en profitant d’une table et des bancs d’un club d’aviron. Les filles s’étendent même pour un moment calme et de lecture.

A Breisach, nous cherchons une pâtisserie afin de faire connaître aux filles le célèbre gâteau, le Forêt-Noire. (Schwarzwälder). Comme il était prévisible, elles ne l’apprécient pas à cause du kirsch si bien que Philippe et moi nous le mangeons. Que de crème ! Cyliane et Nelle vont se choisir autre chose d’aussi appétissant au chocolat et aux noisettes.

Pour la dernière fois, nous traversons le Rhin et pour la première fois le canal d’Alsace en revenant en France. A Holtzwihr, nous sommes reçus comme des rois chez notre nièce.

Vendredi 13 juillet   Holtzwihr / Strasbourg  

FASTOCHE !  (65 km)
L’étape se fait sur piste cyclable à l’exception de quatre ou cinq kilomètres pour rejoindre le canal de Colmar depuis Holtzwihr. C’est une étape facile puisque le terrain est plat jusqu’à Strasbourg et en France les pistes sont revêtues. Le petit tronçon non bitumé aux environs de Marckolsheim est d’une qualité excellente. Il a fait l’objet de recherches pour obtenir une piste solide, plane et perméable pour préserver l’environnement. Nous avions d’ailleurs, il y a quelques années, été invités en tant que licenciés d’un club de cyclotourisme à l’inauguration en présence des deux présidents des Conseils Généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. 
canal du Rhône au Rhin, entre Bas-Rhin et Haut-Rhin
La dernière pause est l’objet de photos devant le panneau du village de  Krafft. Le voyage se termine sans une goutte de pluie. Il fait très chaud quand nous quittons le canal. Nous ne nous en étions à peine aperçu tant il est ombragé et nous retrouvons notre appartement frais grâce aux volets fermés depuis une semaine.


Ce petit voyage 2018 se termine. Papi et Mamie ont déjà des projets plus ambitieux pour l’année prochaine !