lundi 5 août 2013

DEUX PETITES CYCLOTES LE LONG DU CANAL DU NIVERNAIS

« Je veux faire un voyage itinérant comme Papi et Mamie » , c'est ce que Nelle, 5 ans et demi a soufflé à l'oreille de sa Mamie lors des dernières vacances de Pâques. Pédaler d’un bout à l’autre du canal du Nivernais en cinq jours, semblait un projet taillé à la mesure de Nelle, et sa sœur Cyliane, tout juste 8 ans. Ce canal relie la Loire et le canal latéral à la Loire à l’Yonne.


 En vraies cyclotes, elles porteront un cuissard et un maillot cycliste rouge avec une poche dans le dos. Les casques sont de rigueur, mais les nouveaux gants sont dédaignés. De leur côté, Papi et Mamie ont récupéré quelques mois plus tôt des vélos d’occasion déjà testés qui conviennent parfaitement à leur taille.

 Les filles sont un peu excitées par ce grand départ et les grands-parents tout autant même s’ils n’en laissent rien paraître. Les petites pourront-elles pédaler pendant cinq jours sur 170 km sans fatigue excessive ? Le pari sera-t-il réussi ?

 Le soleil est de la partie pour le départ. La grande aventure commence à Saint-Léger-des Vignes à côté de Decize, 
petit port fluvial de la Nièvre où de pimpantes pénichettes, drapeaux au vent, égaient la localité. A deux km du départ, une cigogne déambulant dans un pré semble un excellent présage pour notre petite troupe venue d’Alsace.

La vitesse de nos petites cyclotes frise les 10 km/heure et les arrêts sont nombreux, surtout pour Nelle qui ne peut pas encore lever une main du guidon pour se gratter ou relever une mèche rebelle. Mais dès l’après-midi, la maîtrise s’acquière et les jours suivants Nelle saura lever le bras gauche.

                                        
En attendant, nous gratifions chaque bateau et chaque cycliste d’une symphonie de sonnettes. Certains vacanciers, en réponse, font sonner la cloche de leur bateau ou donnent de la trompe.


Les deux premiers jours (28 et 36 km) le canal s’élève doucement de la côte 189 jusqu’à 267 m à la faveur de 35 écluses. C'est l’occasion pour Nelle de battre sa grand sœur dans les montées. Avec son développement de 2.35 m et ses roues de 16 pouces (47-305), la cadette a l’avantage sur son aînée équipée d’un vélo de 20 pouces (47-406) avec un développement de 4.50 m. Ce ne sont pourtant pas les seules côtes pour les petites jambes. Des routes enjambent le canal et de courtes rampes montent à chaque fois jusqu’à la route pour redescendre plus loin au niveau du canal.

                    


L’écluse 30, côté versant de la Loire, à Cercy-la-Tour, est l’occasion de se faire des biceps costauds. En effet, l’éclusière nous permet d’aider à la manœuvre en tournant une grosse manivelle pour ouvrir l’écluse et laisser le passage à la pénichette qui descend vers la Loire.

                                      
Le passage dans trois tunnels successifs à La Collancelle vers le côté versant de la Seine n’est pas autorisé aux cyclistes ni aux automobilistes, mais réservé exclusivement aux bateaux. Nous nous arrêtons donc avant les étangs de Baye et de Vaux qui alimentent le canal côté Loire.

Le départ du troisième jour (33 km) se fait à Port-Brûlé, côté versant de la Seine, à environ 260 m d’altitude où la numérotation des écluses reprend à 1 pour atteindre l’écluse 81 à Auxerre où nous serons à 97 m d’altitude. Le sens du voyage a d’ailleurs été choisi en raison de ce dénivelé globalement négatif. De plus, en allant généralement vers le nord, de la Nièvre à l’Yonne, nous n’avons pas le soleil dans les yeux.

L’activité est à son comble ce matin. De nombreux bateaux montent ou descendent les 16 écluses successives de Sardy au milieu de collines couvertes de forêts. Depuis longtemps les radeaux de flottage de bois venant des forêts du Morvan pour alimenter Paris en bois de chauffage ont été remplacés par les plaisanciers. Le but de la construction du canal était en effet le transport de bois, de pierre et de céréales. Cela n’a pas été une mince affaire car en plus des tunnels, de deux ponts-canals, des nombreux ponts, des ponts-levis ont été nécessaires pour terminer l’ouvrage en 1841.


 A partir du 4e jour, la vitesse de pédalage augmente et nous dépassons allègrement les 10 km/h avec des pointes à 17 dans les descentes, bien plus vite que les bateaux qui vont à 8 km/ h et ont besoin d’environ 8 h de navigation pendant 5 à 6 jours pour parcourir tout le canal. Ce 4e jour est le jour du record de distance : 51 km, record atteint grâce à une forme éblouissante de nos cyclotes et un dénivelé légèrement négatif.


Les oiseaux nous accompagnent tout au long du parcours ; un héron se laisse observer de près sans crainte; les paysans ont fait les foins et les bottes de foin parsèment encore les prés. Une couleuvre traverse la piste et se réfugie dans l’herbe à notre approche. Le lendemain, Cyliane à quelques mètres derrière nous, roulera sur un autre serpent. Une belle émotion dont elle se souviendra.

Le 5e jour (26 km), de plus en plus souvent le canal se joint à l’Yonne puis s’en sépare pour revenir encore mêler ses eaux à cette large rivière. Les rives calmes voient voleter des libellules bleues ou vertes ou presque transparentes. L’arrivée n’est plus loin et la piste rejoint la route pour quelques kilomètres et enfin reprend son indépendance pour arriver à Auxerre entre canal et parc arboré où de nombreux promeneurs profitent du soleil en ce beau 14 juillet.



 Auxerre ! Pari gagné, 174 km ! Une nouvelle génération de cyclotouristes est en selle !

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